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Moscou se retire partiellement de la Syrie après la “victoire” sur l’EI

Les présidents syrien et russe ont joint leurs forces. Les bombardements russes sur la Syrie ont tué plus de 6000 personnes, dont plus de 1500 enfants (archives) KEYSTONE/AP POOL SPUTNIK KREMLIN/MIKHAIL KLIMENTYEV sda-ats

(Keystone-ATS) Le président russe a ordonné lundi, lors d’une visite surprise en Syrie, le retrait d’une “partie significative” des forces russes dans ce pays. Ce, quelques jours après l’annonce par Moscou de la “libération totale” de l’emprise du groupe Etat islamique (EI).

Au cours d’une visite sur la base aérienne russe de Hmeimim, à l’ouest de la Syrie, il a précisé que ces installations, où sont concentrés les effectifs militaires russes, resteraient opérationnelles. Tout comme la base navale de Tartous.

“En près de deux ans, les forces armées russes, en collaboration avec l’armée syrienne, ont détruit en grande partie les terroristes internationaux. Par conséquent, j’ai pris la décision de faire rentrer en Russie une partie significative du contingent militaire russe se trouvant en Syrie”, a déclaré M. Poutine, selon des propos retransmis par la télévision russe.

Une Syrie “préservée”

M. Poutine n’a pas révélé combien de soldats russes demeureraient sur place. Il a été accueilli à Hmeimim par le président syrien Bachar al-Assad, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, et le chef des forces russes en Syrie, le général Sergueï Sourovikine.

“La Syrie a été préservée en tant qu’Etat souverain et indépendant”, a encore déclaré M. Poutine, remerciant les soldats pour leur travail. “Les conditions sont réunies pour un règlement politique (du conflit) sous l’égide de l’ONU”, a assuré M. Poutine. “Si les terroristes relèvent de nouveau la tête, alors nous les frapperons avec une force jamais vue”, a-t-il averti.

“Arme efficace”

M. Assad a de son côté remercié son homologue russe, évoquant “la participation efficace (des Russes) dans la guerre contre le terrorisme”, selon une déclaration diffusée par les médias officiels.

Les Etats-Unis ont réagi avec scepticisme à l’annonce. “Les déclarations de la Russie sur le retrait de ses troupes ne correspondent souvent pas à de réelles réductions des effectifs militaires et n’affectent pas les priorités des Etats-Unis en Syrie”, a déclaré le commandant Adrian Rankine-Galloway, un porte-parole du ministère américain de la Défense.

“La coalition internationale continuera à opérer en Syrie et à apporter son soutien aux forces locales sur le terrain”, a-t-il ajouté.

Plus de 6000 morts

Après sa visite en Syrie, M. Poutine s’est rendu au Caire pour rencontrer le dirigeant égyptien Abdel Fattah Al-Sissi. Les deux chefs d’Etat se sont mis d’accord “pour renforcer la coordination, afin de travailler ensemble en faveur d’un règlement politique du conflit syrien sur le long terme”, a indiqué M. Poutine lors d’une conférence de presse commune.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les frappes aériennes russes du 30 septembre 2015 au 11 novembre 2017 ont fait 6328 morts parmi les civils, dont 1537 enfants. Elles ont également tué 4732 djihadistes de l’EI, 4098 rebelles et autres djihadistes, selon la même source. “Les avions militaires ont été l’arme la plus efficace des Russes”, a estimé le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Négociations à Astana

Alors que le 8ème cycle de pourparlers inter-syriens se poursuit à Genève jusqu’au 14 décembre, de nouvelles négociations de paix sont également prévues à partir du 21 décembre à Astana, au Kazakhstan, a annoncé lundi la diplomatie kazakhe. Le processus de paix d’Astana se concentre sur les questions militaires et techniques. Celui de Genève est davantage politique.

L’EI chassé d’Idleb

Enfin, le groupe Etat islamique (EI) a été chassé de la province syrienne d’Idleb, rapporte lundi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Ce revers djihadiste est survenu deux jours après une incursion et des combats contre des djihadistes rivaux.

“Après de violents combats, Tahrir al-Cham a de nouveau chassé l’EI d’Idleb”, précise l’OSDH. Il s’agit de la seule province échappant complètement au régime de Bachar al-Assad. Elle est dominée par une coalition de rebelles islamistes et de djihadistes dominée par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda.

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