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MSF refuse aussi de cautionner en pratique l’accord UE-Turquie

(Keystone-ATS) L’ONG Médecins Sans Frontières a annoncé mercredi qu’elle cessait ses activités dans le “hotspot” de Moria, sur l’île de Lesbos. Elle refuse de cautionner sa transformation en centre de détention pour migrants dans le cadre de l’accord UE-Turquie.

“Cette décision extrêmement difficile a été prise après l’accord qui va conduire au renvoi forcé de migrants et demandeurs d’asile”, a expliqué MSF dans un communiqué.

Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) avait également annoncé mardi avoir suspendu “certaines de ses activités” dans les “hotspots” grecs, qui sont au total cinq sur les îles égéennes, “conformément à notre politique qui s’oppose à la détention obligatoire” des demandeurs d’asile.

HCR et MSF vont notamment cesser d’aider aux transferts des migrants par bus des côtes jusqu’aux hotspots. “Continuer à travailler à Moria nous rendrait complices d’un système que nous considérons à la fois injuste et inhumain”, a relevé Marie Elisabeth Ingres, chef de mission de l’ONG en Grèce.

La plupart des humanitaires critiquent

MSF s’était déployée depuis juillet à Moria pour y apporter une assistance médicale, un soutien psychologique, du matériel d’hygiène et y mener des travaux d’assainissement. Construit grâce à des fonds européens, le camp de détention de Moria était devenu au fil de l’exode vers l’Europe des populations fuyant les conflits au Moyen-Orient un centre ouvert d’enregistrement et d’identification, censé permettre leur répartition en Europe.

Mais avec l’entrée en vigueur dimanche de l’accord UE-Turquie prévoyant le renvoi dans ce pays de tous les arrivants sur les îles grecques, y compris les demandeurs d’asile syriens, ses portes se sont refermées sur les nouveaux entrants. L’UE s’est engagée à respecter les règles du droit d’asile pour cette opération, mais les humanitaires la dénoncent.

MSF a toutefois précisé qu’elle poursuivrait son assistance à Lesbos pour le sauvetage des arrivants et en faveur des personnes arrivées avant dimanche, restées quant à elles libres d’aller et venir et bénéficiant des plans de relocalisation dans l’UE.

Deux autres ONG ont pris la même décision. L’International Rescue Committee (IRC) et le Conseil norvégien des réfugiés. Pour elles, coopérer avec les autorités grecques reviendrait à se rendre complice d’une méthode “injuste et inhumaine”.

Policiers manquants

Par ailleurs, les pays membres de l’UE et ceux associés à la zone Schengen (Islande, Suisse, Norvège, Liechtenstein) n’ont fourni jusqu’ici que 396 policiers sur 1500 réclamés par Frontex pour aider la Grèce à gérer la crise migratoire, a indiqué mercredi l’agence chargée des frontières extérieures de l’UE.

“Frontex a aussi reçu les offres portant sur 47 experts en réadmission, sur les 50 demandés par l’agence”, a déclaré le directeur exécutif de Frontex Fabrice Leggeri, cité dans un communiqué.

Refus polonais

De plus, la Pologne refuse désormais d’accueillir des migrants sur son sol dans le cadre du programme de répartition de l’UE, a annoncé mercredi la Première ministre Beata Szydlo, en réaction aux attentats de Bruxelles.

Jusqu’à présent, son gouvernement conservateur et eurosceptique était d’accord pour accueillir environ 7000 réfugiés, respectant un engagement pris par le gouvernement centriste précédent d’Ewa Kopacz.

La Pologne est le premier pays de l’UE à prendre une telle décision après les attaques de Bruxelles qui ont fait au moins 31 morts et 270 blessés. Trois Polonais figurent parmi les blessés.

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