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Bombardement à Kunduz: MSF veut une enquête internationale

(Keystone-ATS) Une enquête américaine sur le bombardement de l’hôpital de Kunduz, dans le nord de l’Afghanistan, ne suffit pas, a affirmé mercredi MSF. L’ONG va saisir la commission internationale humanitaire d’établissement des faits.

Trois enquêtes, une américaine, une afghane et une de l’OTAN ont déjà été diligentées sur cette affaire. Mais MSF, qui s’est empressé d’accoler le vocable de “crime de guerre” à la tragédie, a soutenu mercredi “ne pas faire confiance à une enquête militaire interne”.

Sa présidente, Joanne Liu, a réclamé une “commission internationale humanitaire pour établir les faits”. Ils ont mené à la mort de 12 employés de l’ONG et 10 patients, et à la destruction du bâtiment principal de l’hôpital de Kunduz, un établissement vital pour les civils pris dans le feu des combats entre l’armée afghane et les talibans.

“Cela n’a pas été uniquement une attaque contre notre hôpital. Cela a été une attaque contre les Conventions de Genève. Nous ne saurions le tolérer”, a affirmé Mme Liu qui a aussitôt reçu le soutien du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

“Erreur” réfutée

Signées en 1949, les Conventions de Genève encadrent le comportement à adopter par les belligérants d’un conflit afin de protéger les blessés et les malades “en toutes circonstances”.

MSF demande que l’enquête soit menée par la Commission d’enquête internationale humanitaire. Ce mécanisme existe depuis 1971, mais la commission n’a jamais été encore utilisée. Jusqu’ici, les gouvernements n’ont jamais voulu, ou osé, créer un précédent, a affirmé MSF.

Car l’ONG réfute le terme d'”erreur” par lequel le général américain John Campbell, commandant des 13’000 soldats étrangers encore déployés en Afghanistan, a qualifié mardi la frappe.

Mais selon Mego Terzian, président de MSF France, ce bombardement “n’était malheureusement pas une erreur”. Une “erreur” d’autant moins possible, d’après l’ONG, qu’elle assure avoir préventivement transmis les coordonnées GPS de son hôpital aux armées américaine et afghane.

Marche à suivre pas respectée

Devant la commission des forces armées du Sénat, le général Campbell avait expliqué mardi que la frappe américaine a été demandée par les Afghans mais décidée par la chaîne de commandement américaine.

Selon le New York Times, qui citait mercredi son entourage, le général Campbell estime désormais que les forces spéciales américaines “n’ont pas respecté” la marche à suivre avant de procéder au bombardement samedi de l’hôpital de MSF à Kunduz.

Un bombardement est légitime pour “éliminer des terroristes, protéger des soldats américains en difficulté et soutenir les troupes afghanes”, explique le quotidien. Or la frappe de Kunduz “n’entrait très probablement dans aucune de ces catégories”, juge le général Campbell, dont les propos en privé ont été rapportés au quotidien par son entourage.

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