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Nouvel afflux de migrants au large de la Libye

L'équipage du navire norvégien Siem Pilot (sur la photo) a passé la nuit à récupérer près d'un millier de migrants (archive). KEYSTONE/AP/BRAM JANSSEN sda-ats

(Keystone-ATS) Environ 2400 migrants ont été secourus samedi lors d’opérations souvent difficiles, selon un bilan des gardes-côtes italiens. Les secours font également état de quatorze morts, dont quatre enfants.

L’équipage du Siem Pilot, un navire norvégien patrouillant dans la zone pour l’agence européenne Frontex, a ainsi passé la nuit à récupérer près d’un millier de migrants. Epuisés et très nerveux, ces derniers avaient été recueillis vendredi par un pétrolier. L’équipage a ensuite dû mettre en sûreté sur ce même pétrolier, des centaines d’autres migrants apparus samedi matin dans la zone à bord de nouvelles embarcations de fortune.

“Je n’ai jamais vu une opération de secours comme celle-là !”, a raconté le commandant de police Pal Erik Teigen, chargé de l’opération à bord du Siem Pilot, à une équipe de l’AFP embarquée sur le bateau.

Après une période de mer agitée, la météo est restée calme toute la semaine, favorisant ces départs qui promettent un mois d’octobre record avec près de 20’000 personnes secourues. Le total des arrivées en Italie devrait ainsi avoisiner les 150’000 ce week-end, ce qui reste dans la lignée des deux dernières années.

Canot attaqué

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des secouristes de Sea-Watch qui distribuaient des gilets de sauvetage aux quelque 150 passagers d’un canot pneumatique, ont par ailleurs vu intervenir des hommes à bord d’un bateau des gardes-côtes libyens.

Frappant les migrants à coups de bâton, ces hommes ont cherché à prendre le moteur du canot. Mais ils ont provoqué un mouvement de panique et la plupart des migrants sont tombés à l’eau. Seuls 120 ont pu être secourus.

Cette attaque accentue les doutes sur la stratégie européenne visant à s’appuyer sur les gardes-côtes libyens. L’UE prévoit en effet de les former et de les équiper dans le cadre de sa politique européenne en matière de flux migratoires.

Sévices et tortures

Les ONG engagées dans les opérations de secours rappellent que bloquer les migrants en Libye les expose à des sévices et des tortures, dont les médecins à bord constatent chaque jour les traces.

“En Libye, j’ai été détenu pendant trois mois”, a raconté samedi matin un Guinéen de 33 ans à des volontaires qui l’ont secouru sur l’Aquarius, affrété par SOS Méditerranée et MSF. “Nous n’avions que deux douches et deux toilettes pour 500 personnes, et très peu de place pour dormir. A manger, nous avions un genre de pâtes une fois par jour, et pour boire, de l’eau salée”.

A côté de lui, un Ivoirien de 30 ans s’inquiétait pour l’un de ses amis, détenu longtemps comme lui et dont la famille n’a pas envoyé l’argent nécessaire. “Il n’a pas pu monter sur le bateau, il était trop faible”.

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