Des perspectives suisses en 10 langues

Pétroliers attaqués: Washington incrimine l’Iran, photos à l’appui

Les photos publiées par le Pentagone montrent ce qui semble être les restes d'une mine aimantée sur le pétrolier japonais Kokuka Courageous ainsi que des dommages sur la coque du même navire. KEYSTONE/EPA US CENTRAL COMMAND/US CENTRAL COMMAND / HANDOUT sda-ats

(Keystone-ATS) Les Etats-Unis ont publié lundi onze nouvelles photos dans l’affaire des deux pétroliers attaqués la semaine dernière dans les eaux du Golfe. Selon eux, les clichés incriminent l’Iran. Ils ont aussi décidé d’envoyer 1000 militaires supplémentaires au Moyen-Orient.

“Les récentes attaques iraniennes valident les renseignements fiables et crédibles que nous avons reçus sur le comportement hostile des forces iraniennes”, a indiqué le chef du Pentagone Patrick Shanahan, soulignant que “les Etats-Unis ne cherchent pas à entrer en conflit avec l’Iran”.

“J’ai autorisé l’envoi de 1000 troupes supplémentaires à des fins défensives pour répondre à des menaces aériennes, navales et terrestres au Moyen-Orient”, a-t-il précisé peu après la publication par son ministère de nouveaux documents accusant l’Iran d’avoir attaqué deux pétroliers en mer d’Oman.

“L’Iran est responsable”

Les photos rendues publiques par le Pentagone montrent notamment les restes d’un aimant qui aurait servi à poser une mine sur la coque du pétrolier japonais Kokuka Courageous. L’engin explosif, qui n’a pas explosé, a été retiré, selon les Etats-Unis par un commando iranien après l’incident qui a eu lieu le 13 juin.

Une autre photo montre la cavité provoquée par une autre mine sur la coque du même pétrolier, que le Pentagone évalue à plus d’un mètre de diamètre. “L’Iran est responsable de cette attaque, comme le montrent les preuves vidéo et les ressources et les compétences requises pour retirer rapidement la mine aimantée non explosée”, indique le Pentagone dans un communiqué.

Les photos ont été prises d’un hélicoptère “Seahawk” de l’US Navy, précise l’armée américaine. Selon des experts en explosifs de l’US Navy, l’emplacement choisi pour les mines, au-dessus de la ligne de flottaison, montre que l’objectif n’était pas de couler les pétroliers.

L’Union européenne prudente

Mais la méthode utilisée pour retirer la mine non explosée – une dizaine d’hommes à bord d’une vedette rapide, équipés de gilets de sauvetage mais pas de protections anti-explosifs – était en fait très dangereuse, selon l’un de ces experts ayant requis l’anonymat, qui a qualifié l’opération de “scénario à très haut risque”.

Les Etats-Unis ont ouvert une enquête en coopération avec plusieurs autres pays qu’ils n’ont pas nommés.

Les pays membres de l’Union européenne se sont montrés lundi prudents dans l’attribution des responsabilités pour les attaques de deux pétroliers la semaine dernière dans la mer d’Oman. Ils ont refusé de s’aligner sur Washington qui accuse l’Iran, comme l’a fait Londres.

Les attaques perpétrées jeudi ont eu lieu au sud-est du détroit d’Ormuz, un corridor vital reliant les Etats riches en énergie du Moyen-Orient au marché mondial. L’Iran, qui dément toute implication dans ces incidents, a menacé à plusieurs reprises par le passé de bloquer le détroit.

Hausse d’uranium enrichi

L’Iran, de son côté, a annoncé que ses réserves d’uranium enrichi passeraient à partir du 27 juin au-dessus de la limite prévue par l’accord international sur son programme nucléaire conclu en 2015 à Vienne.

Fruit d’intenses efforts diplomatiques entre l’Iran et le Groupe des Six (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie), l’accord vise à limiter drastiquement le programme nucléaire de Téhéran en échange d’une levée des sanctions économiques internationales.

Mais Washington s’est retiré unilatéralement du pacte en mai 2018 et a rétabli de lourdes sanctions contre Téhéran, qui presse depuis des mois les autres partenaires de l’aider à en atténuer les effets dévastateurs.

Jusqu’ici, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a certifié que l’Iran agissait en conformité avec les engagements pris à Vienne.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision