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Plan climat d’Obama: un pas en avant mais encore du chemin à faire

(Keystone-ATS) Le plan climat annoncé par le président américain Barack Obama a été salué comme un pas en avant. Mais plusieurs experts pointent l’insuffisance des objectifs des Etats-Unis, deuxième pollueur mondial, pour parvenir à limiter la hausse à 2°C.

“C’est une bonne nouvelle”, affirme l’expert suisse du climat Thomas Stocker et professeur à l’Université de Berne qui s’exprimait mardi matin sur les ondes de la radio alémanique SRF. “Réduire le nombre de ces vieilles centrales dépassées est un des points les plus importants pour la protection du climat”.

M. Stocker, qui est également membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), considère le plan américain comme un “bon signe” pour un accord international sur le climat qui est l’objectif de la conférence de Paris en décembre (COP21). Il peut inciter de nombreux autres Etats à franchir le pas. “Un accord plus consistant est possible. Je suis optimiste”, dit-il.

“Moment opportun”

Le plan Obama est de “bon augure pour la COP21”, déclare aussi à l’AFP Pierre Cannet, responsable énergie/climat au WWF France. “Il est important de voir que les Etats-Unis sont crédibles et passent à l’action”.

“Ce plan vient à un moment opportun”, explique Célia Gautier, du Réseau Action Climat (RAC), interrogée dans le journal Libération. M. Obama avance petit à petit, mais ce premier pas est le plus significatif jamais fait par une administration américaine, souligne-t-elle.

Le 44e président des Etats-Unis a dévoilé lundi la version définitive de son plan de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre produites par les centrales électriques fonctionnant au charbon. Son “Clean Power” vise à réduire de 32%, à l’horizon 2030, les émissions de CO2 provenant du secteur de la production d’électricité, par rapport à leur niveau de 2005.

Vraiment ambitieux?

Ce plan est-il pour autant, comme l’a dit le président français François Hollande, “une contribution majeure au succès” de la conférence de Paris, où 195 pays doivent sceller un accord historique pour réduire les gaz à effet de serre?

“Assez ambitieux, mais ce n’est probablement pas encore à la hauteur de l’ambition nécessaire si l’on veut réussir la Conférence de Paris”, répond Jean Douzel, climatologue, directeur de recherche au CRNS, interrogé lundi soir sur la chaîne française iTélé.

A l’instar d’autres spécialistes, il relève que l’annonce de M. Obama “ne concerne pour le moment que 40% des émissions de gaz carbonique, c’est-à-dire les centrales électriques. Rien n’est dit sur les 60% restants comme le chauffage et le transport. Rien n’est dit non plus sur les autres gaz à effet de serre”.

“C’est quand même important car M. Obama tourne le dos au charbon et il y a une véritable ouverture sur le développement des énergies renouvelables”, ajoute-t-il toutefois.

“On est loin d’un leadership”

Célia Gautier, du RAC, déplore elle un aspect important: les ambitions du président américain “restent bien en-deçà de la responsabilité historique des Etats-Unis dans les émissions mondiales”. L’objectif des Etats-Unis ne constitue “pas une contribution suffisante pour limiter la hausse des températures à 2°C” au niveau mondial par rapport à l’ère pré-industrielle, selon le réseau d’experts CAT.

Pierre Radanne, conseiller climat pour certains pays africains, juge pour sa part le niveau d’engagement des Etats-Unis carrément “faible”. “On est loin d’un leadership” estime-t-il, prenant l’exemple de l’Union européenne qui s’est engagée à réduire de 40% ces émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030. “Si l’on transpose sur cette même période les engagements américains, on arrive à moins 13%”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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