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Prédicateur libyen accusé de discrimination raciale à Bienne

C'est à la mosquée Ar'Rahman à Bienne que ce prédicateur libyen aurait tenu des propos haineux. L'accusé devra répondre de ses actes devant la justice (archives). KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) Un prédicateur controversé libyen devra répondre de discrimination raciale devant la justice bernoise. Agé de 68 ans, cet homme est accusé d’avoir lancé des appels à la haine lors d’un sermon dans une mosquée de Bienne. Il devra aussi répondre d’escroquerie.

La procédure pénale avait été ouverte à la suite d’une dénonciation accusant cet homme d’avoir tenu des propos haineux envers des personnes de certaines ethnies et religions, notamment les juifs, les chrétiens et les chiites. Abu Ramadan aurait lancé sa diatribe durant un sermon en arabe à la mosquée Ar’Rahman le 7 juillet 2017.

Il aura fallu du temps pour établir l’accusation de discrimination raciale. Un expert a dû traduire le sermon d’arabe en allemand et une expertise supplémentaire a été nécessaire pour interpréter les propos traduits, a expliqué mercredi le Ministère public régional Jura bernois-Seeland.

Compte tenu de ces éléments, l’accusation estime qu’il est avéré que ce sexagénaire a exprimé à de réitérées reprises le souhait d’éradiquer certaines personnes, notamment les membres de certaines ethnies et religions. Il a de ce fait lancé un appel à la haine, se rendant coupable de discrimination raciale.

Quelques mois après le sermon controversé, ce prédicateur avait contesté dans la presse avoir tenu des propos haineux. Il avait alors affirmé n’avoir jamais prié Allah “d’anéantir les ennemis de l’islam”. Ses citations auraient été mal traduites.

Abus à l’aide sociale

L’homme doit aussi répondre d’escroquerie commise à plusieurs reprises. Ce chef d’accusation est fondé sur une enquête vaste et complexe intervenue à la suite de la dénonciation des autorités de Nidau, sa commune de domicile. Le prédicateur s’est enrichi par le biais de l’aide sociale, selon le Ministère public.

Le prévenu avait indiqué à la commune qu’il n’avait pas de revenu ni de fortune. Or l’examen de documents et les auditions de tiers ont révélé qu’il organisait des voyages. Cette activité lui rapportait en partie un revenu, auquel il renonçait parfois. Ce Libyen est donc accusé d’enrichissement illégitime par le biais de l’aide sociale.

Les autorités pénales ont dû déployer d’importants moyens pour mener leur enquête. Le prévenu n’a pas coopéré et a refusé de répondre aux questions sur ses revenus. La date du procès devant le Tribunal régional Jura bernois-Seeland n’a pas encore été fixée.

Retrait du statut de réfugié

Ce ressortissant libyen a perdu son statut de réfugié, mais est au bénéfice d’un permis C. S’il est reconnu coupable, il risque d’être expulsé de Suisse.

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