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Quatre journalistes tessinois devant la justice

L'erreur s'est produite dans la clinique luganaise du groupe Genolier-Swiss-Medical-Network (archives). KEYSTONE/TI-PRESS/SAMUEL GOLAY sda-ats

(Keystone-ATS) Quatre journalistes de l’hebdomadaire tessinois Il Caffé répondaient jeudi devant la justice de diffamation et de concurrence déloyale. Ils avaient publié en 2016 une série d’articles sur une faute professionnelle d’un médecin d’une clinique privée luganaise.

L’histoire relayée par le média remonte à 2014. Un chirurgien avait alors amputé par erreur les deux seins d’une patiente âgée de 67 ans atteinte d’une tumeur mammaire. Son autorisation de pratiquer lui avait été retirée. Affirmant au départ que l’ablation totale avait été nécessaire, le médecin avait avoué des mois après qu’il s’était trompé de patiente.

Mais cette erreur n’était pas au coeur des discussions. Le procès portait plutôt sur les dommages causés à la clinique. La partie plaignante demande une indemnisation importante, a dit son avocat.

Dans son plaidoyer, il a accusé les journalistes d’avoir des griefs contre les cliniques privées et d’avoir volontairement nui à ses clients. Selon lui, les journalistes auraient mélangé les situations ou créé des liens totalement ou partiellement faux.

“Notre travail”

Les accusés – le directeur du journal, son remplaçant, l’ancien rédacteur en chef et une rédactrice – avancent n’avoir voulu que mettre en lumière cette affaire. “Nous n’avons fait que notre travail.” Les problèmes dans le système de santé sont d’un grand intérêt public et le cas présenté soulève les craintes de la population. Et de rappeler que la personne concernée a subi des dommages irréversibles.

Les recherches voulaient déterminer pourquoi aucune instance de contrôle n’a pu empêcher l’intervention erronée. Au fil des recherches, de nombreux facteurs choquants ont été découverts. Mais les journalistes n’ont agi que par bonne intention, argumentent-ils.

On peut difficilement parler de “bonne intention” lorsque les journalistes, pour protéger leurs sources, dissimulent des preuves décisives, a rétorqué l’avocat de la clinique.

Aucune erreur prouvée

L’avocat des journalistes a souligné pour sa part qu’on ne peut prouver aucune erreur dans leur série d’articles et que leurs recherches et leur traitement ne peuvent être contestés. C’est le devoir des journalistes de fonctionner comme “chiens de garde de la société”, a-t-il ajouté. C’est pourquoi les libertés de la presse et d’opinion sont protégées jusque dans les plus sphères législatives et juridiques.

Vouloir museler les journalistes est aberrant et illégal, a dit l’avocat. “La liberté de la presse n’est pas seulement la liberté des gens de médias, mais notre liberté à tous”. L’homme de loi a demandé l’acquittement total de tous les accusés.

Le jugement est attendu le 4 mai.

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