Des perspectives suisses en 10 langues

Ramallah pour que la Suisse appelle à une conférence internationale

Le Premier ministre palestinien Mohammad Chtayyeh estime que la Suisse pourrait appeler à une conférence internationale sur le Proche-Orient (archives). KEYSTONE/AP/NASSER NASSER sda-ats

(Keystone-ATS) L’Autorité palestinienne ne veut plus de pourparlers bilatéraux avec Israël, ni d’une médiation avec Donald Trump. La Suisse pourrait oeuvrer à une “conférence internationale”, a dit mercredi à Keystone-ATS à Genève le Premier ministre Mohammad Chtayyeh.

Les Palestiniens avaient déjà été échaudés par plusieurs décisions du président américain, notamment le déplacement de l’ambassade à Jérusalem. Après ces tensions, le président palestinien Mahmoud Abbas avait demandé début 2018 une conférence internationale de paix sur le Proche-Orient, sans effet.

Le récent soutien affiché par l’ambassadeur américain en Israël au projet d’annexion d’une partie des territoires palestiniens a refroidi un peu plus la situation. Des déclarations qui s’ajoutaient à celles controversées du gendre de M. Trump, chargé de préparer un plan de paix toujours pas dévoilé mais déjà rejeté par avance par les Palestiniens.

“Le problème n’est pas une médiation entre les Américains et nous”, précise M. Chtayyeh, en marge de la Conférence du centenaire de l’Organisation internationale du travail (OIT) à Genève. “Le problème est de mettre un terme à l’occupation” israélienne, ajoute le Premier ministre. Il réaffirme que la solution à deux Etats constitue une condition non négociable pour les Palestiniens.

Washington visé

“Nous voulons passer de pourparlers bilatéraux qui se sont révélés ne pas être très couronnés de succès à une approche multilatérale”, dit M. Chtayyeh. Comme défenseur du droit international, Berne doit contribuer à ces efforts, ajoute-t-il.

“La Suisse peut appeler à une conférence internationale avec des acteurs comme la France, l’Allemagne ou encore le Quartet (Etats-Unis/Russie/UE/ONU) et les Etats arabes”. Avec Washington comme seul interlocuteur, le lien semble interrompu à court terme.

Lundi, le chef de la diplomatie palestinienne Riyad al-Malki avait annoncé qu’aucune délégation ne serait envoyée à une conférence prévue l’année prochaine à Washington si l’invitation venait de la présidence américaine. “Les Etats-Unis doivent réellement mener des mesures d’établissement de la confiance avec nous, pas des mesures de destruction de la confiance”, renchérit M. Chtayyeh.

Appel lancé aux Etats à l’OIT

Le Premier ministre a donné à sa venue à Genève pour les 100 ans de l’OIT une tonalité dans la même direction. “C’est l’adresse du droit international et des droits de l’homme”, affirme-t-il. “C’est pourquoi nous sommes ici, pour appeler la communauté internationale à aider la Palestine à être libérée et à l’aider à contribuer pour les efforts internationaux de paix et de justice”.

Dans son discours devant les Etats membres de l’institution, M. Chtayyeh a accusé l’Etat hébreu de “bafouer” les droits des travailleurs palestiniens. Il a demandé à l’OIT d’oeuvrer pour améliorer leurs conditions, leur sécurité et leurs rémunérations.

Notamment pour qu’Israël mette un terme “au chantage” contre ces travailleurs et pour que leurs salaires leur soient payés directement et non au travers de l’Autorité palestinienne. Selon M. Chtayyeh, leur situation devrait elle faire partie de la Déclaration du centenaire de l’OIT que les Etats doivent adopter au terme des discussions dans une dizaine de jours à Genève.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision