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Schaffhouse: “petit internement” pour le forcené à la tronçonneuse

Après avoir blessé avec sa tronçonneuse deux employés de la CSS à Schaffhouse, dont un grièvement, le forcené avait pris la fuite. La police l'a finalement arrêté le lendemain à Thalwil (ZH) après une véritable chasse à l'homme (archives). KEYSTONE/ENNIO LEANZA sda-ats

(Keystone-ATS) Le forcené de 53 ans qui avait attaqué à la tronçonneuse une filiale de l’assurance CSS en juillet 2017 à Schaffhouse est reconnu coupable de tentatives de meurtre. Schizophrène, il écope d’une thérapie stationnaire en milieu fermé.

Le prévenu comparaissait mercredi devant le tribunal schaffhousois de première instance. Dans son verdict, la Cour l’a déclaré irresponsable de ses actes.

Elle a suivi le réquisitoire du procureur qui demandait une mesure stationnaire en milieu fermé, garantissant que l’accusé ne puisse pas en sortir aussi longtemps qu’il représente un danger pour la société. Cette disposition du Code pénal est également appelée “petit internement”. Dans chaque cas, la nécessité de cette mesure est réévaluée tous les cinq ans.

Pas de légitime défense “erronée”

L’avocat du forcené a annoncé qu’il allait sans doute faire appel du jugement. Dans sa plaidoirie, il avait rejeté toute mesure pénale. Estimant que les faits incriminés relèvent d’une légitime défense putative – soit déclenchée par une perception erronée -, il avait soutenu en vain que son client schizophrène pensait que les employés de l’assurance voulaient le tuer avec leur “énergie maléfique”.

Il a donc demandé sa relaxe et un dédommagement financier, sans succès. Selon la défense, le tribunal aurait dû se contenter de prononcer une détention pour raison de sûreté . Elle aurait alors pu charger l’Autorité de protection de l’adulte et de l’enfant (APAE) de placer son client en milieu psychiatrique à titre préventif.

Regrets du prévenu

Face aux juges, le rentier à l’AI, ancien couvreur de profession, a déploré l’agression dont il s’est fait l’auteur. Il a aussi présenté ses excuses à ses victimes.

Cette attaque était “un non-sens total”, a admis le prévenu. Il a ensuite évoqué les “énergies agressives” qui s’étaient emparées de lui. “J’avais peur, je voulais me défendre.”

Les mains attachées à une ceinture en cuir pour des raisons de sécurité, il s’est dit conscient que la société ne voyait pas ces “énergies”. “Cela ne veut pas dire qu’elles n’existent pas, mais nos médecins disent simplement qu’il s’agit d’une psychose”, a-t-il dit.

Cas paranoïaque et hallucinatoire

L’expertise psychiatrique de l’accusé est claire: le quinquagénaire souffre d’une grave schizophrénie paranoïaque et hallucinatoire. Il ne peut donc pas être tenu pour responsable de ses actes, mais son risque de récidive est élevé.

L’accusé n’apprécie toutefois pas la vie qu’il mène en clinique. Face aux juges, il l’a même qualifiée de “torture” imposée par la justice et le monde psychiatrique: les médicaments le “fatiguent tellement qu’il voit sa vie passer sans pouvoir la vivre utilement”.

Deux blessés

Les faits incriminés avaient fait grand bruit dans toute la Suisse. Le 24 juillet 2017, l’accusé avait attaqué une filiale de la CSS en vieille ville de Schaffhouse, armé d’une tronçonneuse. Il a visé plusieurs employés de l’assureur et en a blessé deux dont un grièvement. Deux clients présents ont en outre subi un choc.

Le forcené avait réussi à prendre la fuite. Il n’a pu être arrêté que le lendemain à Thalwil (ZH), au bord du lac de Zurich, après une chasse à l’homme. Au moment de son arrestation, il portait un cabas dans lequel étaient contenues deux arbalètes chargées de flèches d’une longueur de seize centimètres.

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