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Soutenir la main-d’oeuvre de Suisse et protéger les chômeurs âgés

Les travailleurs de Suisse ne devraient pas être évincés du marché du travail par la concurrence étrangère. Le Conseil fédéral souhaite notamment offrir des bilans de compétence gratuits dès 40 ans (archives). KEYSTONE/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) Les entreprises devraient recourir d’abord à la main-d’oeuvre en Suisse pour couvrir leurs besoins en travailleurs qualifiés. Le Conseil fédéral a adopté mercredi une série de mesures pour les y encourager, mais aussi une rente-pont pour les chômeurs âgés.

“C’est une question d’honnêteté”, a commenté devant la presse la ministre de justice et police Karin Keller-Sutter. Malgré des centaines de postulations, il est dans certains cas quasi impossible pour une personne qui arrive en fin de droit à 60 ans et demi de retrouver un emploi, a renchéri le ministre des affaires sociales Alain Berset.

Pour éviter que de tels chômeurs se retrouvent à l’aide sociale, le gouvernement souhaite introduire une prestation transitoire couvrant les besoins vitaux pour un groupe ciblé de personnes en fin de droit à plus de 60 ans. Le chômeur ne pourrait pas y accéder s’il n’a pas cotisé au minimum durant vingt ans aux assurances sociales et a dépassé les 100’000 francs de fortune.

La rente ne pourrait excéder 58’350 francs pour une personne seule (87’525 francs pour les couples). Quelque 1600 personnes y auraient eu droit l’an dernier pour un coût de 95 millions. Le Département de l’intérieur va préparer un projet à mettre en consultation avant l’été.

Pour la libre-circulation

Cette mesure n’est pas le seul moyen de sauver la libre circulation des personnes, a précisé Mme Keller-Sutter. Mais les citoyens de plus de 50 ans peu qualifiés ont voté plus que la moyenne pour l’initiative de l’UDC contre l’immigration en 2014. Il faut éviter qu’ils aient le sentiment de se faire évincer du marché du travail par l’immigration d’autant que la concurrence va s’intensifier avec l’évolution démographique.

Le Conseil fédéral s’est aussi réjoui que le résultat soit le fruit d’un compromis entre les partenaires sociaux. Ces derniers ont à nouveau serré les rangs en faveur du bien commun, une normalisation de bon augure pour le dossier européen, se sont félicités les deux ministres. Le gouvernement doit aussi finaliser d’ici l’été son message appelant au rejet de l’initiative de l’UDC contre la libre circulation.

Bilan dès 40 ans

Une partie des autres mesures annoncées doivent éviter aux personnes d’un certain âge d’être évincées du marché de l’emploi. Dès 40 ans, elles devraient pouvoir accéder gratuitement à un bilan professionnel, une évaluation de potentiel et un conseil de carrière. Après un projet pilote en 2020, les cantons devraient mettre en oeuvre la mesure entre 2021 et 2024.

Les formations et les perfectionnements devraient par ailleurs pouvoir être validés plus facilement qu’aujourd’hui. Le Conseil fédéral entend en outre lancer un programme d’impulsion, avec une offre de conseil renforcée, pour réintégrer sur le marché du travail des demandeurs d’emploi âgés difficiles à placer.

Enfin, un accès facilité à des mesures de formation ou d’emploi est prévu pour les chômeurs en fin de droit de plus 60 ans. Impossible actuellement d’en bénéficier une fois le droit aux indemnités échu. Cette mesure devrait coûter 21 millions sur la période 2020 à 2022.

Intégrer les étrangers

Le gouvernement souhaite aussi limiter le recours à l’immigration en améliorant l’intégration professionnelle des étrangers déjà sur place. Le préapprentissage d’intégration, qui a permis à 700 jeunes réfugiés et personnes admises à titre provisoire une préparation ciblée à l’apprentissage, sera ouvert aux jeunes étrangers arrivés tardivement en Suisse en dehors du domaine de l’asile.

L’offre sera prolongée de deux ans jusqu’en 2023/2024 et étendue aux métiers des soins et des technologies de l’information et de la communication. Quelque 1500 places seront proposées au lieu de 1000.

Le Conseil fédéral va enfin lancer un projet pilote de soutien financier pour les réfugiés et les requérants d’asile admis à titre provisoire qui sont difficiles à placer sur le marché de l’emploi. Le but visé est que l’employé décroche un contrat de travail de longue durée. La Confédération veut contribuer au programme à hauteur de 11,4 millions de francs sur trois ans.

Ce bouquet s’ajoute à l’obligation de réserver temporairement l’annonce de certains postes vacants aux offices de placement et aux mesures pour concilier vie professionnelle et vie privée. Une initiative pour lutter contre la pénurie de main-d’oeuvre qualifiée avait aussi été lancée sous l’égide de l’ancien ministre de l’économie Johann Schneider-Ammann. Celle-ci est restée “pour le moins assez vague”, a critiqué Mme Keller-Sutter.

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