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Accusé de vendre du rêve, Hamon défend son projet face à Valls

L'ancien ministre de l'éducation Benoît Hamon (à gauche) a été jugé plus crédible que l'ancien premier ministre Manuel Valls (à droite) par les sondés au terme du débat. KEYSTONE/EPA AFP POOL/BERTRAND GUAY / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Attaqué par Manuel Valls sur la crédibilité de son projet présidentiel, Benoît Hamon a défendu ses idées mercredi lors du dernier débat de la primaire socialiste à la présidentielle française. Il a assumé une orientation plus sociale que celle de François Hollande.

A quatre jours du second tour, dimanche, Benoît Hamon, 49 ans, a assumé les dépenses nouvelles qu’il prévoit s’il accède à la présidence, au premier rang desquelles les 45 milliards d’euros de la première phase de son projet de “revenu universel”.

Arrivé en tête du premier tour et bénéficiant du soutien d’Arnaud Montebourg, troisième, il a assuré que la France n’était pas d’abord menacée par les déficits publics, mais par la dégradation de l’environnement.

“On négocie avec les banquiers, pas avec la nature!”, a dit l’ancien ministre de l’éducation, expliquant qu’il fallait investir dans l'”agroécologie” et la transition énergétique. “La dette, c’est aujourd’hui la dette environnementale.”

“Nous pouvons faire plus de déficit”

“J’assume de dire que nous pouvons faire plus de déficit public”, a-t-il ajouté, jugeant souhaitable d'”en finir avec le dogme des 3% de déficit” qui s’impose aux pays de la zone euro.

Manuel Valls, 54 ans, a accusé son adversaire de vouloir “faire rêver” les Français, en particulier avec le revenu universel. Verser un revenu à tous, sans condition, “c’est un message de découragement et d’abdication”, a lancé l’ancien premier ministre. “Un message qui me paraît terrible: on renonce à la société du travail. On accepte le chômage.”

A 300 ou 400 milliards d’euros par an pour un revenu universel généralisé, ce que souhaite à terme Benoît Hamon, “le coût est exorbitant” et synonyme de “plus de dette” et d'”augmentation de la fiscalité”, a ajouté Manuel Valls. L’ancien premier ministre s’est présenté en “candidat de la feuille de paye” face à Benoît Hamon, qui risque selon lui d’être “le candidat de la feuille d’impôt”.

“Il s’agit d’être crédible”

“Il ne s’agit pas seulement de faire rêver, il s’agit d’être crédible”, a-t-il ajouté, jugeant que “tout ce que propose Benoît Hamon, sans augmenter les impôts, n’est tout simplement pas possible” et qu'”il y a une différence entre le rêve et l’illusion, et la crédibilité d’un projet”.

Si Benoît Hamon a marqué des points sur les questions économiques, il s’est retrouvé sur la défensive sur les questions liées à l’islam et à la laïcité.

Entre les deux prétendants le débat a été courtois et technique, alors que le ton n’avait cessé de monter ces derniers jours, aggravant la fracture au sein d’un parti qui sort affaibli du mandat de l’impopulaire du président François Hollande, avec un chômage endémique et un durcissement sécuritaire après une vague d’attentats sans précédent.

Les deux hommes, qui se tutoyaient, se sont parlé avec respect, sans attaques personnelles. “Un débat pointu, pas un pugilat”, a commenté l’éditorialiste Michaël Darmon.

Difficile ralliement

A la question de savoir s’ils soutiendraient le vainqueur de la primaire, les deux finalistes ont été sans ambiguïté. “J’accepterai le verdict de cette élection”, a dit Benoît Hamon. “Moi, je respecte les règles”, a assuré Manuel Valls.

Mais leurs différences de vue, qui reflètent deux gauches, l’une “hyperréaliste”, l’autre “utopiste” selon la presse, rendent très aléatoire un rassemblement de leurs partisans à l’issue de la primaire, même si les deux candidats se sont engagés à soutenir le vainqueur du scrutin.

Certains socialistes ont déjà fait savoir qu’ils n’excluaient pas de voter pour l’un ou l’autre des candidats de gauche partis en cavalier seul à la présidentielle sans passer par la primaire: Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon.

Selon un sondage Elabe pour BFM TV réalisé auprès de 1215 téléspectateurs, Benoît Hamon a été considéré comme le plus convaincant lors du débat, à 60%, contre 37% pour Manuel Valls. Parmi les seuls 456 sympathisants de gauche, Benoît Hamon l’emporte également avec 61% contre 36%.

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