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Assassinat de l’opposant Nemtsov: un an de silence et de questions

(Keystone-ATS) Samedi, cela fera une année que l’opposant russe Boris Nemtsov a été abattu au pied du Kremlin. Le mystère autour de l’identité du ou des commanditaires reste entier.

A quelques mètres de l’endroit où l’opposant russe Boris Nemtsov a été abattu de quatre balles, un petit groupe vient déposer des fleurs devant un mémorial de fortune. “C’est important que le mémorial soit préservé, que les gens et les autorités sachent que nous n’avons pas oublié et que nous n’oublierons pas”, lance Mikhaïl Lachkevitch, un opposant politique par ailleurs physicien.

Bataille pour la vérité

Samedi, l’opposition libérale rendra hommage à Nemtsov en marchant dans le centre de Moscou un an jour pour jour après sa mort le 27 février 2015 au pied des murailles du Kremlin.

Mais au-delà du devoir de mémoire, ses anciens partisans et amis mènent une autre bataille: celle de la vérité pour découvrir l’identité du ou des commanditaires de ce meurtre, qui a suscité une onde de choc et de consternation à travers le monde.

Aveux sous la torture?

Qualifiant l’assassinat de “provocation” délibérée, Vladimir Poutine a placé l’enquête sous son autorité directe. Très rapidement, cinq suspects tous Tchétchènes originaires de l’instable Caucase russe ont été arrêtés et inculpés du meurtre. Les suspects n’ont eu de cesse de clamer leur innocence, assurant avoir avoué sous la torture.

Ils attendent désormais leur procès. Les enquêteurs estiment que le crime a été soigneusement planifié pendant plusieurs mois et que les exécutants ont touché l’équivalent de 180’000 euros.

Président tchétchène en cause

Alors que le Comité d’enquête, institution chargée des principales enquêtes criminelles en Russie, a annoncé en janvier que l’enquête était “close”, la famille et les proches de l’opposant jugent que les autorités n’ont pas réussi à identifier les véritables cerveaux de l’assassinat.

Pour les trouver, affirment-ils, il faut chercher du côté du président tchétchène Ramzan Kadyrov, voire à l’intérieur du Kremlin.

Malgré une influence politique limitée, Boris Nemtsov était une voix forte, critique du Kremlin, relayée par les rares médias russes indépendants et par la presse étrangère. Et peu avant sa mort, l’opposant enquêtait sur le déploiement secret de troupes russes dans l’Est de l’Ukraine.

Entartré par des “clowns”

Par ailleurs, le principal opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, a annoncé jeudi s’être fait entarter par des “clowns” qu’il a liés au Kremlin à l’entrée des bureaux de son Fonds anticorruption.

“Le Kremlin est si fort, et la cote de popularité de Poutine est si haute qu’il n’y a que des tartes pour les aider” à lutter contre l’opposition, a raillé ce juriste et blogueur anticorruption, suggérant ainsi que les autorités russes pourraient être derrière cette attaque.

Il a publié un selfie où on le voit le nez, la barbe et les épaules couverts de crème, aux côtés de quelques collaborateurs.

L’ancien Premier ministre et dirigeant du parti d’opposition libéral Parnas, Mikhaïl Kassianov, avait déjà été entarté le 9 février dans un restaurant moscovite par des inconnus.

Condamnation “arbitraire”

Cet incident survient après que la Russie a annoncé mercredi qu’elle fera appel de la décision de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Elle a en effet jugé que la condamnation en 2013 d’Alexeï Navalny pour détournement avait été “arbitraire” et possiblement de “nature politique”.

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