Des perspectives suisses en 10 langues

Côte d’Ivoire: un congrès pour sauver les derniers chimpanzés

La population de chimpanzés en Côte d'Ivoire a chuté en raison de l'importante réduction du couvert forestier à cause de l'urbanisation et de la culture du cacao. KEYSTONE/AP/MARTIN MEISSNER sda-ats

(Keystone-ATS) La Côte d’Ivoire, qui abrite la plus importante population de chimpanzés en Afrique de l’Ouest, va accueillir en juillet prochain un congrès international pour tenter de sauver ces primates. Ceux-ci ont vu leur population dans le pays chuter de 90% en 20 ans.

Quelque 200 spécialistes mondiaux des primates doivent se réunir du 24 au 27 juillet à Abidjan pour dénoncer “l’extinction amorcée” de ces singes et “partager les expériences pour leur conservation à travers toute l’Afrique”, a indiqué le Dr Inza Koné, directeur au Centre suisse de recherches scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS).

Cette première rencontre de spécialistes internationaux de ces primates organisée en Afrique vise aussi à “célébrer 30 ans de recherches sur nos cousins les chimpanzés, dont nous partageons 80% des gènes”, a poursuivi M. Koné.

Culture du cacao

La population de chimpanzés en Côte d’Ivoire a chuté de plus de 90% en moins 20 ans, en raison de l’importante réduction du couvert forestier à cause de l’urbanisation et de la culture du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial.

La WCF, une organisation créée en 2000 pour protéger les dernières populations de primates vivant dans la forêt tropicale, a recensé moins de 2000 chimpanzés actuellement en Côte d’Ivoire, contre 12’000 en 2002.

Braconnage

Ces chimpanzés sont également victimes de braconnage. En 2016, les Ivoiriens ont consommé 120’000 tonnes de “viande de brousse” (gibiers) alors que la chasse au animaux sauvage est interdite dans ce pays, selon les chiffres du CSRS.

“Le chimpanzé est l’espèce la plus proche de l’espèce humaine, il vit dans un territoire très large (25 km2) et peut parcourir 15 kilomètres”, a souligné mercredi le professeur Bassirou Bonfoh, chercheur et directeur général du CSRS.

“Tout le long de son parcours, il mange, laisse des déchets et des graines qui poussent pour reverdir l’espace”, a-t-il ajouté, soulignant la “valeur écologique” de ce grand singe.

Forêt peau de chagrin

En Côte d’Ivoire, la forêt jadis immense se réduit désormais à peau de chagrin: sa surface a été divisée par huit en un demi-siècle, passant de 16,5 millions d’hectares au moment de l’indépendance en 1960 à deux millions d’hectares aujourd’hui, selon les chiffres officiels. Elle occupe désormais moins de 13% du territoire national contre 78% auparavant.

Or, la disparition des forêts entraîne des dérèglements climatiques en provoquant une baisse des précipitations, pourtant essentielles à la bonne culture du cacao.

En 2009, le Liberia et la Côte d’Ivoire avaient annoncé la mise en place d’un corridor transfrontalier entre les deux grands blocs de forêts des parcs nationaux de Sapo (est du Liberia) et de Taï (ouest ivoirien et patrimoine mondial de l’Unesco), où vivent des populations importantes de chimpanzés.

Les blocs de forêts tropicales répartis le long de la frontière ont souffert notamment d’années de guerre civile au Libéria.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision