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Décès de Martin McGuinness, l’ancien dirigeant de l’IRA

Martin McGuinness (à gauche) en compagnie de Gerry Adams en 1998 (archives) KEYSTONE/AP/MAX NASH sda-ats

(Keystone-ATS) L’ancien vice-Premier ministre d’Irlande du Nord Martin McGuinness, ex-dirigeant de l’IRA, est décédé à l’âge de 66 ans, a annoncé mardi matin la BBC. Il personnifiait le lent cheminement vers la paix du mouvement nationaliste républicain en Irlande du Nord.

Membre du parti Sinn Féin, il avait pris sa retraite politique en janvier après un désaccord avec l’autre parti au pouvoir en Irlande du Nord, le parti unioniste DUP, ce qui avait entraîné de nouvelles élections.

Longtemps honni des unionistes, l’homme au regard bleu intense et aux traits éternellement juvéniles a achevé sa rédemption, à leurs yeux, en condamnant en des termes implacables les meurtres, début 2009, de deux soldats et d’un policier.

Un enfant de Derry

Né le 2 mai 1950, James Martin Pacelli McGuinness a grandi dans le quartier catholique déshérité du Bogside, à Derry. Son père, ouvrier de fonderie, était nationaliste mais pas républicain, c’est-à-dire en faveur d’une Irlande unifiée mais désapprouvant le recours à la violence.

Dès 1968, il rejoint le mouvement catholique des Droits civiques, puis deux ans plus tard le parti Sinn Féin. Pendant ces années, il est perpétuellement paré de son béret de “guerillero” à la Che Guevara. Vers 1971, il intègre l’IRA, au sein de laquelle il occupera rapidement un poste à responsabilité.

McGuinness reconnaîtra en 2001, en brisant le code d’honneur qui impose le secret à ses membres, avoir été le numéro 2 de l’IRA à Derry pendant les événements du “Bloody sunday”, lorsque 13 républicains ont été tués par l’armée britannique le 30 janvier 1972.

Ennemi de la Couronne

En 1973, il est emprisonné une première fois pendant six mois pour appartenance à l’IRA. La presse britannique le qualifie bientôt de “plus dangereux ennemi de la Couronne”. Les protestants nord-irlandais le surnomment le “parrain des parrains”.

Mais très tôt, McGuinness joue les intermédiaires avec Londres. Dès 1972, il rencontre secrètement des membres du gouvernement britannique. Il s’engage progressivement en faveur de la paix et il est considéré comme l’un des pères de l’aggiornamento républicain.

Devenu numéro 2 du Sinn Féin, il oeuvre dans l’ombre de Gerry Adams. De toutes les tractations secrètes, il tient un rôle prépondérant pour arracher à l’IRA les cessez-le feu de 1994 et 1997. Cette année-là, il est élu au parlement de Westminster à Londres mais refuse d’y siéger pour ne pas prêter allégeance à la reine.

Fin de 30 ans de conflit

Négociateur de l’Accord du Vendredi Saint qui mettra fin à trois décennies d’un conflit contre l’autorité britannique qui a fait plus de 3000 morts, il est entre 1999 et 2002 ministre de l’éducation dans un gouvernement d’union avec les protestants unionistes.

Il est aussi perçu comme celui qui a convaincu l’IRA de s’affranchir définitivement de son passé en démantelant son arsenal en 2005.

En mai 2007, il est nommé vice-Premier ministre de son ancien ennemi, le protestant Ian Paisley. Il sera ensuite le vice-Premier ministre de Peter Robinson puis d’Arlene Foster, jusqu’à sa démission le 9 janvier sur fond de dissensions sur la gestion d’un programme de subventions aux énergies renouvelables. Un départ qui a entraîné l’éclatement de la coalition au pouvoir et l’organisation de nouvelles élections au parlement régional tenues début mars.

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