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Des drones pour sauver les faons de faucheuses

Les jeunes faons s'aplatissent dans les hautes herbes pour échapper aux prédateurs. Ils sont presque invisibles (archives). KEYSTONE/STEFFEN SCHMIDT sda-ats

(Keystone-ATS) La technologie vient à la rescousse des faons à l’heure des moissons. Un drone équipé d’une caméra thermique permet de les repérer dans les champs.

Cette technique, développée par le département de la haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires de la haute école spécialisée de Berne (BFH-HAFL), est presque infaillible, a dit à l’ats Nicole Berger, responsable du projet. Environ 95% des jeunes cervidés sont découverts avant la moisson.

Durant les trois semaines qui suivent leur naissance, ils se cachent dans les hautes herbes et, par instinct, ne bougent pas en cas de danger. Les prédateurs ne les repèrent pas.

Mais les paysans souvent non plus, malgré les différentes techniques traditionnelles utilisées pour les découvrir. Chaque année, plus de 2000 jeunes se font faucher, selon les chiffres de la Protection Suisse des Animaux. La HAFL a donc développé une méthode plus efficace.

Sauveur aérien

Son multicoptère est équipé d’une caméra thermique. Le drone survole en quelques minutes le champ de manière systématique grâce à un autopilote et transmet en temps réel les images sur un écran contrôlé par un chasseur ou un membre de l’équipe. Il revient ensuite se placer au-dessus des animaux repérés et signale leur position aux chercheurs.

Sur l’écran, les sources de chaleur sont identifiées par des taches plus claires que les herbes. Tôt le matin, la différence de températures entre la flore et le corps des faons se voit mieux, explique la responsable du projet.

Un faon peut être présent malgré un faible signal thermique. Les prés ne sont pas homogènes et parfois les jeunes se cachent sous une couche plus épaisse de hautes herbes. Mais, avec l’expérience, les équipes de recherche sont capables d’identifier ces signaux, explique Nicole Berger.

Dans la mesure du possible, le faon n’est pas déplacé. Une caisse est placée sur lui et le paysan peut tondre le champ autour de cet espace protégé. Si le paysan veut moissonner l’ensemble de sa terre en une seule fois, le chasseur déplace l’animal en bordure du champ.

Recherches anticipées

Tous les paysans moissonnent à la même période. Les équipes ne peuvent pas scanner tous les champs en un jour. Elles vont donc le faire à l’avance pour recenser les prairies où se trouvent déjà des faons. Les paysans et les chasseurs sont informés de leur présence. Les champs sont à nouveau contrôlés le jour de la moisson. Si le temps le permet, les autres prés sont aussi vérifiés.

“C’est important de faire cette vérification”, souligne Mme Berger. En 2014 et en 2015, les chevrettes avaient mis bas dans les forêts parce qu’il faisait trop chaud dans les champs. Au premier passage, les équipes de la HAFL n’avaient rien trouvé. Mais au moment de la moisson, sept faons, plus âgés, se cachaient dans les herbes.

Un paysan qui n’avait pas la patience d’attendre le contrôle, malgré l’insistance de Mme Berger, a tué un jeune cervidé. L’année suivante, il a appelé de lui-même la HAFL, se souvient-elle.

Entre un et cinq faons sont découverts dans un champ sur sept. Sur les six autres prairies, aucun bambi ne trouve refuge.

Plus de pilotes

Nicole Berger souhaite généraliser l’utilisation des multicoptères pour couvrir l’ensemble des prés en Suisse. Elle veut créer une organisation indépendante et former des pilotes qui ont déjà un drone. Un contact avec l’association suisse des drones civils est prévu en automne.

Ils ne devraient acheter que la caméra thermique. Les milieux intéressés devraient financer l’opération.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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