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Deux ans avec sursis requis pour un coup de fusil accidentel mortel

Le prévenu voulait montrer à son ami un fusil d'assaut militaire d'un des colocataires absent ce jour-là (image symbolique). KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI sda-ats

(Keystone-ATS) Un jeune homme a comparu jeudi devant le Tribunal de Police de Genève pour avoir tué accidentellement son ami d’un coup de fusil d’assaut militaire en août 2015. Le procureur a requis deux ans de prison avec sursis pour homicide par négligence. Verdict vendredi.

“Sa faute est très lourde”, a déclaré le procureur Dario Nikolic en insistant sur la forte charge émotionnelle liée à ce drame. Il souligne les regrets sincères exprimés par le jeune homme âgé aujourd’hui de 23 ans. “Je suis dégoûté de ce que j’ai fait”, a déclaré en larmes ce dernier devant le Tribunal.

A peine audible dans la salle comble, il dit regretter avoir “considéré l’arme comme un jouet”. Le drame remonte au dimanche 2 août 2015. Les deux amis se trouvent dans un appartement des Avanchets après avoir passé l’après-midi à Aquaparc au Bouveret (VS).

Ils sont contents de se revoir après une longue séparation. En effet, après avoir passé son enfance en Suisse avec sa mère, la victime s’est installée à sa majorité au Brésil où vit son père. Il y loge chez sa grand-mère et veut se lancer dans des études d’architecture.

Peine inappropriée

Ce dimanche soir, le prévenu décroche un fusil d’assaut militaire accroché au-dessus du lit dans la chambre d’un des colocataires. Lui-même a fait son école de recrue et il veut montrer l’arme à son ami. Il effectue un mouvement de charge et appuie sur la détente, “convaincu qu’elle n’était pas chargée”, selon son avocat Robert Assaël.

Mais l’arme était munitionnée et le coup part. La balle traverse le thorax de “son pote” qui succombe à ses blessures. Pour le procureur, il s’agit d’un homicide par négligence. Il demande une peine de prison de 24 mois assortie d’un sursis de trois ans.

La défense admet l’homicide par négligence. En revanche, Me Assaël estime la peine inappropriée pour ce “garçon bien” et “travailleur”. Il demande une exemption ou une atténuation de peine comme le prévoit le code pénal si l’auteur a été directement atteint par les conséquences de son acte. Dans cet “effroyable drame”, l’auteur du coup de feu a été dévasté par la mort de son ami et par sa culpabilité.

Pour “frimer”

Les parents de la victime ont eux perdu leur enfant unique. Leur avocate, Saskia Ditisheim, aurait voulu une requalification des faits en homicide par dol éventuel au vu de la gravité des fautes commises par le prévenu. Il savait qu’il y avait des munitions dans l’appartement et a visé le ventre de son copain, affirme l’avocate. Il voulait “frimer” devant son ami avec ce fusil.

Me Ditisheim estime qu’il y a un cumul de violations des règles. En tant qu’ancienne recrue, il connaissait les règles de base: toujours considérer qu’une arme est chargée, ne jamais la pointer vers une cible que l’on ne veut pas toucher et effectuer systématiquement un contrôle personnel de sécurité.

Négligence du propriétaire

L’auteur du coup de feu n’était pas seul sur le banc des prévenus. Le propriétaire du fusil d’assaut, 22 ans aujourd’hui, était aussi accusé d’homicide par négligence et de violation du code pénal militaire pour avoir accroché au mur une arme avec une culasse incorporée et un magasin chargé de munition engagé dans l’arme.

Il était en vacances au moment du drame. “Il a été négligent et fautif, mais ne pouvait toutefois pas s’attendre à ce qu’un inconnu entre dans sa chambre pendant son absence et décroche l’arme”, a relevé le procureur. Il n’a finalement pas soutenu l’accusation d’homicide par négligence pour ne retenir que la violation du code pénal militaire.

Il a requis une peine de 180 jours amendes à 30 francs avec un sursis de trois ans. Ce revirement a choqué la partie plaignante qui s’est sentie lâchée par le Ministère public. Saskia Ditishein aurait voulu une requalification pour mise en danger de la vie d’autrui.

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