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La croissance de la Suisse meilleure que prévu, nuages à l’horizon

(Keystone-ATS) L’économie suisse a connu une croissance de 2% l’an dernier, contre 1,9% en 2013. La hausse du produit intérieur brut (PIB) a atteint 0,6% au quatrième trimestre par rapport au précédent, indique le SECO en publiant sa première estimation. Les économistes s’attendent toutefois à un fort ralentissement cette année, après l’abolition du taux plancher par la Banque nationale suisse (BNS).

La croissance en 2014 est légèrement supérieure aux prévisions du groupe d’experts de la Confédération, qui tablait en décembre sur une hausse de 1,8% du PIB. En termes de dépenses, les impulsions positives sont avant tout venues du commerce extérieur et de la consommation des ménages, explique mardi le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) dans un communiqué.

Le commerce des biens et services avec l’étranger (excepté l’or et les objets de valeur) a contribué au résultat à hauteur de 1,4 point de pourcentage, avec une croissance de 4,8% sur l’ensemble de l’année. Le total des exportations de biens, qui a bondi de 12,6% au dernier trimestre, s’inscrit en revanche en baisse de 10,1% en 2014.

La consommation privée, qui a freiné à +1% en 2014 contre +2,2% en 2013, y a participé par 0,5 point de pourcentage.

Dépenses publiques

Sur le dernier trimestre, les dépenses de consommation des ménages ont aussi contribué à l’évolution du PIB, malgré un léger ralentissement: +0,3% (+0,6% de juillet à septembre). Hormis l’habillement, toutes les sous-rubriques ont contribué à la hausse. Viennent ensuite les dépenses du secteur public, Etat et assurances sociales, avec une croissance de 1,9% (+0,7% au troisième trimestre).

Les investissements en biens d’équipement ont augmenté de 1%, tandis que les dépenses dans la construction se sont contractées de 1,4%.

Au niveau de la balance commerciale, entre octobre et décembre, les exportations de marchandises (hors métaux précieux et commerce de transit, notamment) se sont repliées de 1%, après une hausse de 2,7% au troisième trimestre. Un recul principalement dû à l’horlogerie et à la pharma/chimie. Les importations de marchandises se sont contractées de 1,8%.

Au niveau du tourisme, les dépenses de visiteurs étrangers, considérées comme des exportations, ont crû de 0,6% au dernier trimestre 2014 par rapport au précédent. Dans l’autre sens, soit les dépenses de touristes suisses à l’étranger, elles ont progressé de 0,5%.

Récession à l’horizon

Ces chiffres, meilleurs qu’attendus, ne donnent en revanche “aucune information sur la situation actuelle”, relève Bernard Lambert.

Le chef économiste à la division gestion de fortune de la banque genevoise Pictet prévoit “un revers conjoncturel majeur” cette année, après le renforcement du franc qui a suivi la fin du taux plancher de 1,20 franc pour un euro. Voire “une récession technique”, soit deux trimestres négatifs à la suite.

La décision de la BNS, intervenue mi-janvier, a complètement modifié l’environnement économique, notamment les conditions cadres pour les branches exportatrices, soulignent les économistes de l’institut BAKBASEL.

Mais pas seulement: selon le centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, l’ensemble des secteurs de l’économie font état en février de perspectives plus sombres quant à l’évolution de leurs affaires. Petites, moyennes et grandes firmes prévoient de réduire leur production et leurs effectifs au cours des prochains mois.

Le SECO a, lui aussi, récemment averti d’un ralentissement. Les experts tablent sur “une évolution moins favorable” cette année, par rapport aux pronostics de décembre. Ils ont en revanche renoncé à actualiser ces chiffres, qui s’établissaient à +2,1% en 2015 et +2,4% en 2016 avant la publication de leurs prévisions prévue le 19 mars.

Pas de dégâts durables

Plusieurs analystes ont d’ores et déjà revu leurs prévisions 2015 à la baisse, après le revirement de la BNS. Les grandes banques UBS et Credit Suisse estiment désormais une croissance du PIB de respectivement +0,5% et +0,8%. BAKBASEL, qui publiera ses pronostics actualisés la semaine prochaine, table sur une récession de 0,2% et le KOF de 0,5%.

Seule note d’optimisme: le chef économiste de la banque liechtensteinoise VP Bank, Thomas Gitzel, rappelle que le franc évoluait l’an dernier à un niveau élevé “en comparaison historique” et par rapport aux autres devises. Ce qui n’a pas empêché des “exportations solides”.

L’économie suisse ne devrait pas subir “de dégâts durables”, selon l’expert, “tant que le franc évoluera au-dessus de 1,05 franc pour un euro”.

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