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Economiesuisse s’engage pour plus d’Europe

(Keystone-ATS) Economiesuisse veut mettre la politique européenne sur le devant de la scène. C’est là une des priorités de la faîtière de l’économie pour 2016, à côté de la réforme de l’imposition des entreprises III et de la stratégie énergétique 2050.

“Nous tenons à mener un dialogue aussi large que possible sur la relation entre la Suisse et l’UE”, a déclaré la directrice d’economiesuisse Monika Rühl mardi devant la presse. Elle s’exprimait lors de la conférence annuelle qui s’est tenue à Berne.

La fédération des entreprises suisses a lancé l’été passé la campagne “ouverte+souveraine” pour une politique européenne constructive, déjà soutenue par plus de 50 organisations et 3300 personnes membres. Ces prochains mois, l’opération sera renforcée et gagnera en visibilité, notamment via les médias sociaux, a annoncé Mme Rühl.

La relation entre la Suisse et l’UE ne doit toutefois pas être envisagée par “la seule lunette de la politique migratoire”. Elle doit tenir compte d’autres enjeux comme des relations commerciales excellentes, une collaboration dans les domaines de la formation et de la recherche, un espace culturel commun ainsi que des infrastructures de transport étroitement reliées, a souligné la directrice.

Oui à la clause de sauvegarde

La nouvelle orientation du Conseil fédéral qui vise à limiter l’immigration en provenance des Etats membres de l’UE et de l’AELE au moyen d’une clause de sauvegarde est saluée par la faîtière. Cette mise en oeuvre de l’initiative de l’UDC “contre l’immigration de masse” satisfait l’exigence de ne pas nuire à l’économie en réduisant l’immigration.

En cas de non-entente avec l’UE concernant l’application de l’initiative en question, “economiesuisse soutient la clause de sauvegarde unilatérale proposée par le Conseil fédéral”, a déclaré Monika Rühl.

L’organisation faîtière conteste en revanche les chiffres évoqués pour le seuil d’activation de la clause. Selon elle, ce plafond doit être flexible et redéfini chaque année sur la base de l’évolution conjoncturelle. “L’Etat et l’économie doivent tous deux se fixer pour objectif de ne jamais activer ladite clause”, ajoute Mme Rühl.

Contingents critiqués

Le pilotage de l’immigration en provenance d’Etats tiers principalement via des contingents est également critiqué par la fédération des entreprises. Monika Rühl explique que cette politique n’a pas beaucoup de sens sous l’angle économique, les contingents ne concernant que les travailleurs et non le regroupement familial de personnes déjà présentes. Il en découle “une limitation marginale de l’immigration”.

Economiesuisse attend en outre du Conseil fédéral qu’il signe le protocole relatif à l’extension de l’accord sur la libre circulation des personnes à la Croatie. Une condition pour que la Suisse puisse poursuivre sa participation au programme de recherche européen Horizon 2020 au-delà de 2016, selon Mme Rühl.

“Nous voyons un potentiel du côté des requérants d’asile”, a encore dit la directrice. La fédération est d’avis que les personnes amenées à séjourner un certain temps en Suisse peuvent rendre service à tous si elles s’intègrent rapidement, à la fois sur le marché du travail et dans la société.

Réforme de l’imposition

Devant les médias, le président d’economiesuisse Heinz Karrer a pour sa part souligné l’importance de la mise en oeuvre de la réforme de l’imposition des entreprises III, l’un des points forts de la faîtière en 2016. “Aux yeux de la fédération, elle est indispensable à la place économique suisse, car elle permet de maintenir la compétitivité du pays”.

Concernant la stratégie énergétique 2050, autre point fort de l’organisation cette année, le président a appelé les Chambres fédérales à ne pas trop alourdir les charges des entreprises productrices. Il a aussi annoncé que les milieux économiques combattront fermement les initiatives « AVSplus » et «Economie verte ».

Services publics

Parallèlement, Heinz Karrer a présenté un rapport réclamant plus de concurrence dans les services publics, notamment les transports. “Nous plaidons pour une séparation institutionnelle du réseau et des exploitants”, à condition que cela génère des gains d’efficacité plus élevés que les éventuels coûts.

Economiesuisse souhaite en outre abolir le monopole de La Poste sur les lettres. “La Suisse constitue un cas à part en Europe”, selon M. Karrer.

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