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Erik Guay revient de loin

(Keystone-ATS) “Ce qui est incroyable, c’est toute cette histoire”. Erik Guay ne s’est pas trompé au moment de commenter son titre mondial en super-G à St-Moritz: le Canadien revient de très loin.

“Il y a eu tant de blessures dans ma carrière, tant de travail pour à chaque fois retrouver le meilleur niveau”, s’est rappelé le vétéran canadien, six fois opéré à un genou et en délicatesse avec son dos depuis de nombreuses années. Le Québécois avait même failli devoir tout plaquer durant l’été 2014, lorsqu’il avait subi une lourde opération au genou gauche pour combler un trou à la tête de l’os fémoral. Une intervention qu’il avait qualifiée à l’époque “d’opération de la dernière chance”.

“C’est incroyable de revenir de toutes ces blessures, d’oublier tout ce qui s’est passé de douloureux et d’apprécier cette médaille d’or. C’est une victoire très émotionnelle, encore plus que celle de Garmisch en 2011 (réd: où il avait déjà été champion du monde, en descente). Il s’est passé tellement de choses depuis Garmisch, tellement de coups durs”, a-t-il relevé.

Au moment de commenter sa course victorieuse de mercredi, Erik Guay a expliqué qu’il s’était senti “à l’aise et rapide” tout au long de la piste grisonne, mais sans vraiment être conscient de la qualité de sa performance. “Quand j’ai franchi la ligne, j’avais plutôt une bonne impression. Puis j’ai entendu la clameur de la foule, et je me suis vite tourné vers le tableau d’affichage. J’ai alors vu que j’avais 45 centièmes d’avance sur Kjetil Jansrud, le meilleur super-géantiste du moment, et j’ai réalisé que j’avais fait quelque chose de grand. A cet instant, j’étais content d’avoir encore mon masque sur les yeux pour cacher mes larmes”, a raconté celui qui est devenu, à 35 ans et demi, le plus vieux champion du monde de l’histoire.

Lâchant des “incroyable” dans quasiment chacune de ses phrases, Erik Guay s’est aussi réjoui de se retrouver sur le podium avec Kjetil Jansrud et son coéquipier Manuel Osborne-Paradis. “Ce sont deux amis proches. Je suis particulièrement content pour ‘Manny’, qui a aussi dû souvent se battre dans sa carrière. C’est une sacrée belle journée pour le ski canadien”, a-t-il ajouté.

Comme Herminator

Erik Guay n’a pas non plus manqué de revenir sur son crash d’il y a dix jours à Garmisch, où il s’était fait très peur sur un saut. “C’est vrai que l’envolée était plutôt spectaculaire, et j’ai eu de la chance de m’en sortir sans nouvelle grave blessure. Mais malgré cette frayeur, cela ne m’a jamais traversé l’esprit que le ski était devenu trop dangereux pour moi. C’est notre métier et nous sommes habitués à mettre de côté ce genre d’accident”, a-t-il raconté.

Erik Guay n’est d’ailleurs pas le premier à surmonter une terrible cabriole, puis à se couvrir d’or quelques jours plus tard. Le plus célèbre de ces casse-cou, Hermann Maier, y était par exemple parvenu aux JO de Nagano en 1998. “Oui, c’est un peu comparable à ce qu’avait vécu ‘Herminator’. Mais comme je l’ai déjà dit, cela fait partie du travail du skieur. Quand tu es aux Mondiaux, tu veux n’avoir aucun regret. Et donc, malgré les chutes du passé, tu prends tous les risques”, a-t-il souligné.

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