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France: Macron se pose en antidote au “pessimisme” de Fillon et Le Pen

Emmanuel Macron (au centre) promet de rendre compte lui-même chaque année, s'il est élu, de la mise en oeuvre de ses engagements. KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON sda-ats

(Keystone-ATS) Emmanuel Macron a invité jeudi les Français à retrouver avec lui “l’esprit de conquête”. Il veut lutter contre le “pessimisme” et et le “repli” incarnés, selon lui, par François Fillon et Marine Le Pen, ses principaux adversaires de l’élection présidentielle.

L’ex-ministre de l’Economie présentait la demi-douzaine de chantiers dont il a fait le coeur de son “contrat avec la nation”. Il est installé en deuxième position dans les intentions de vote derrière la présidente du Front national.

“La présentation de ce projet (…) intervient à un moment important et grave (…) parce que deux candidats ont décidé de proposer des projets, ou conservateurs, ou de régression et de repli, pour le pays”, a-t-il déclaré en préambule. Mais aussi, a-t-il ajouté, parce que ces candidats ont “décidé délibérément de s’attaquer à l’Etat de droit”.

Une allusion aux attaques contre les juges lancées par François Fillon et Marine Le Pen. Tous deux sont dans le collimateur de la justice pour des soupçons d’emplois fictifs ou d’utilisation inappropriée de l’argent public.

“Formidablement confiant”

Le candidat a déploré que la France soit le “seul grand pays européen” qui n’ait pas résolu le problème du chômage de masse. Il s’est toutefois dit “formidablement confiant” dans la capacité “à se transformer” de la France.

Emmanuel Macron n’en a pas moins proposé plusieurs réformes qui s’attaquent à des tabous de la société française, pour la rapprocher des modèles économique et social d’Europe du Nord. Il a certes promis de ne toucher ni l’âge légal de départ à la retraite ni le niveau des pensions pendant le quinquennat.

Unification des régimes de retraite

Mais il a aussi annoncé le lancement, s’il est élu, d’une vaste consultation sur l’unification en dix ans des régimes de retraite français dans un système unique et universel. Celui-ci assurerait “pour chaque euro cotisé le même droit à pension pour tous”, tout en laissant le choix de l’âge de la cessation d’activité.

Son idée de redonner à l’Etat la main sur le pilotage de l’assurance-chômage et de faire passer celle-ci d’une logique assurancielle à une logique de solidarité risque de heurter des partenaires sociaux attachés au paritarisme.

Sa proposition d’alourdir les charges des entreprises usant “exagérément” des contrats de travail courts et d’alléger celles des employeurs créant des emplois stables s’inspire certes de revendications de la CFDT et de Force ouvrière. Mais cette promesse de bonus-malus n’est pas du goût du Medef, opposé à toute hausse de cotisation.

Retour sur des réformes contestées

Autre sujet “clivant” : l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qu’Emmanuel Macron propose de transformer en “impôt sur la fortune immobilière”. La part du patrimoine qui contribue au financement de l’économie serait exonérée d’ISF.

L’ex-ministre de François Hollande ne craint pas en revanche de revenir sur deux réformes engagées sous l’actuel quinquennat et contestées : celles des rythmes scolaires et du collège. “Chaque commune pourra adopter la semaine qu’elle souhaite. Je laisserai vraiment la possibilité aux maires de sortir de la réforme des rythmes”, explique-t-il dans Le Parisien.

Devant la presse, il s’est dit sûr de pouvoir appliquer son projet s’il est élu: “Il n’y a pas de fatalité à la grève et au refus. Je propose un projet qui est clair, qui est assumé.”

“Condition de notre crédibilité”

Il a souligné que les réformes les plus difficiles seraient les premières engagées, à l’été et l’automne prochains, s’il est président. “En même temps, elles sont la condition de notre crédibilité sur le plan européen”, en particulier auprès de l’Allemagne, a fait valoir Emmanuel Macron.

Il souhaite notamment convaincre les partenaires de la France de mettre en place un budget et un ministre des Finances et de l’Economie de la zone euro.

Sans surprise, les proches des candidats de gauche, le socialiste Benoît Hamon et le champion de la “France insoumise” Jean-Luc Mélenchon, l’ont accusé de proposer une politique libérale de droite et ses détracteurs de droite de s’inscrire dans la continuité du chef de l’Etat socialiste sortant.

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