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Il y a 25 ans, Zurich évacuait le Platzspitz

Chaque jour, jusqu'à 3000 toxicomanes suisses et étrangers venaient s'approvisionner, principalement en héroïne, au parc du Platzspitz à Zurich (archives). KEYSTONE/ANONYMOUS sda-ats

(Keystone-ATS) Il y a 25 ans, le 5 février 1992, la scène ouverte de la drogue du Platzspitz à Zurich était évacuée. Loin de mettre fin au problème des toxicomanes, l’événement a du moins marqué un tournant dans les mentalités.

Les beaux jours, des enfants se défoulent à la place de jeux, des jeunes se réunissent autour du kiosque à musique, des promeneurs flânent à la confluence de la Sihl et de la Limmat, juste derrière le Musée national et sa nouvelle annexe. Aujourd’hui, plus rien ne laisse imaginer les années sombres qu’a connues le parc du Platzspitz.

Il y a 25 ans, Zurich a fermé ce qui était devenu la mecque européenne de la drogue. Chaque jour, jusqu’à 3000 toxicomanes suisses et étrangers venaient s’y approvisionner, principalement en héroïne.

Le lieu était à cette époque surnommé le “Needle-Park” (parc à aiguilles). Les toxicomanes s’y injectaient leur drogue en plein air, au milieu des détritus.

Cinq millions de seringues distribuées

L’année précédant la fermeture, 5 millions de seringues y avaient été distribuées. Les secours avaient dû réanimer 3600 personnes et 21 drogués étaient morts sur place.

La scène de la drogue, qui avait pris racine sur le Platzspitz au milieu des années 1980, était devenue insoutenable. En octobre 1991, le préfet Bruno Graf (PDC) prend la décision de fermer le parc.

Le municipal en charge de la sécurité Robert Neukomm (PS) avait tenté en vain de faire recours contre le décret. Il avait mis en garde contre une décision hâtive et irréfléchie.

Et en effet, exécutée sans mesures d’accompagnement, l’opération était vouée à l’échec. Les toxicomanes se sont relocalisés autour de la gare désaffectée du Letten, non loin du Platzspitz. La nouvelle scène était tout aussi importante et encore plus violente.

Changement de mentalité

Mais une nouvelle mentalité était en train de se développer au sein des autorités et de l’opinion publique. On s’éloignait de la théorie selon laquelle il fallait laisser les toxicomanes s’engouffrer dans la misère pour qu’ils arrêtent d’eux-mêmes de se piquer.

En 1990, le peuple de la ville de Zurich avait accepté d’élargir sa politique de la drogue. Elle reposait désormais sur quatre piliers: répression, prévention, thérapie et – nouvellement – aide à la survie.

Avec la fermeture du Platzspitz, la Suisse entière a pris conscience que les toxicomanes qui se piquaient à ciel ouvert représentaient un problème national. Cela a ouvert la voie à une nouvelle politique de la drogue au niveau des cantons et de la Confédération.

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