Des perspectives suisses en 10 langues

Kirchner entre frénésie berlinoise et idylle en mer baltique

L'exposition du Kunsthaus se concentre sur les années berlinoises d'Ernst Ludwig Kirchner. KEYSTONE/WALTER BIERI sda-ats

(Keystone-ATS) Entre 1912 et 1914, Ernst Ludwig Kirchner habite Berlin et passe ses étés sur l’île baltique de Fehmarn. Ces deux lieux représentent des sources d’inspiration et l’apogée de son oeuvre expressionniste. Le Kunsthaus de Zurich montre cette juxtaposition jusqu’au 7 mai.

Si l’on pouvait résumer l’ambivalence qui caractérise la période présentée dans l’exposition “Métropole trépidante/Nature idyllique. Kirchner – Les années berlinoises”, ce serait par ce tableau de 1914 présentant côté recto deux femmes dans la rue et côté verso deux baigneuses.

D’un côté, la frénésie de la ville, illustrée par des lignes droites et des formes anguleuses, un coup de pinceau nerveux, et le sujet: ces femmes, des cocottes, le surnom donnés au prostituées qui portaient des plumes sur leur chapeau. De l’autre, un moment d’union avec la nature, des formes plus arrondies, des couleurs plus naturalistes et un trait plus homogène.

Grâce à une période bien délimitée dans le temps et des moyens importants, l’exposition, réalisée en coopération avec le Brücke Museum de Berlin, illustre son sujet de manière très approfondie. Au total, plus de 160 oeuvres – peintures, mais aussi pastels, dessins, photographies ou encore travaux sur tissus – sont réunies.

Parmi les oeuvres exposées, des tableaux célèbres, comme “La rue” de 1913, prêté pour l’occasion par le Museum of Modern Art de New York, ou encore des tableaux de collections privées exposés pour la première fois.

Dans la mansarde du peintre

Le Kunsthaus a également reconstitué la niche de la mansarde de l’atelier berlinois de Kirchner, à l’échelle originale. Elle est décorée des tissus que l’artiste avait lui-même conçus avec des motifs inspirés de Fehmarn.

L’exposition s’efforce aussi d’inscrire la période berlinoise dans un contexte plus large. La présentation commence par un chapitre consacré aux débuts de Kirchner à Dresde et la fondation du mouvement “Brücke” en 1905, alors qu’il a 25 ans.

Après la période berlinoise vient la Première Guerre mondiale, qui a précipité le peintre dans l’alcool et la drogue. L’exposition se termine à Davos, où Kirchner était venu en thérapie et où il a fini par s’installer puis se suicider en 1938, à l’orée de la Seconde Guerre mondiale.

www.kunsthaus.ch

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision