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Kirkouk: reprise du dernier secteur aux mains des peshmergas

L'armée a repris au début de la semaine le secteur pétrolier de Kirkouk, en représailles au référendum d'autodétermination organisé le 25 septembre. KEYSTONE/AP/KHALID MOHAMMED sda-ats

(Keystone-ATS) Les forces irakiennes ont repris vendredi aux combattants kurdes la dernière zone qu’ils contrôlaient dans la province de Kirkouk. D’intenses combats se sont poursuivis jusqu’en fin de journée.

Le Commandement conjoint des opérations (JOC), qui regroupe l’ensemble des forces irakiennes, a annoncé “la reprise de contrôle d’Altun Kupri”, un ensemble de 36 villages s’étendant sur 530 km2 et habités par une population mixte de 56000 Kurdes et Turkmènes.

Des combats au mortier et à l’arme automatique se sont poursuivi jusqu’en fin de journée dans la zone, mais “les forces irakiennes ont pu lancer l’assaut (…) et hisser le drapeau irakien sur la municipalité” d’Altun Kupri, a indiqué un responsable des services de sécurité de Kirkouk, sous le couvert de l’anonymat. Durant les combats, le général peshmerga Ghazi Dolemri a été tué, ont indiqué des proches.

Cette zone agricole est stratégique car située à équidistance entre les villes de Kirkouk et d’Erbil (50 km), à la limite entre les deux provinces. La première est placée selon la Constitution sous l’autorité de Bagdad et la seconde est le siège des autorités du Kurdistan irakien, qui bénéficie depuis 1991 d’une autonomie, élargie en 2005. C’est par cette zone que transitent les échanges commerciaux et touristiques entre le Kurdistan et le reste du territoire irakien.

Retrait des peshmergas

Hormis ces combats, d’autres ont été signalés dans la nuit de dimanche à lundi à la lisière sud de Kirkouk; alors que depuis dimanche, les forces irakiennes ont évincé les forces kurdes de la riche province pétrolière de Kirkouk (nord-est), ainsi que des provinces de Ninive (nord) et de Diyala (est).

Dans la très grande majorité des cas, il n’y a pas eu d’affrontement, les peshmergas s’étant retirés en vertu d’un accord de certains de leurs dirigeants avec Bagdad. La crise a toutefois poussé le géant pétrolier américain Chevron à suspendre “temporairement” ses opérations au Kurdistan irakien.

Parallèlement, les forces irakiennes ont annoncé avoir repris les champs de pétrole de Batma et Aïn Zala, au nord-ouest de Mossoul. Des affrontements ont eu lieu entre les peshmergas et les troupes irakiennes appuyées par les unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi, alliés à l’armée, qui tentent d’avancer vers Sirawa, à 5 km au nord d’Altun Kupri.

Explosions sur un pont

Le commandement peshmerga à Erbil a dénoncé “une attaque des milices du Hachd al-Chaabi”, unités dominées par les milices chiites soutenues par l’Iran, formées en 2014 pour contrer la percée djihadiste. Elle vise à “rallier la frontière administrative de la province de Kirkouk” en direction d’Erbil, a affirmé le commandement peshmerga.

Au nord de la ville, les peshmergas ont provoqué des explosions qui ont endommagé un pont enjambant le fleuve Zab et reliant les provinces de Kirkouk et d’Erbil, a indiqué un responsable de la sécurité dans la province de Kirkouk.

De son côté, Haydar Hamada, chef du service de presse du Premier ministre Haider al-Abadi, commandant en chef des forces armées, a confirmé l’opération à Altun Kupri. “Nous allons poursuivre la restauration de l’autorité du pouvoir fédéral” dans les zones encore tenues par les peshmergas, les combattants kurdes, à travers le pays, a-t-il indiqué.

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