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La Corée du Sud dévoile de nouveaux manuels d’histoire controversés

D'après certains députés, ces nouveaux ouvrages tentent de réhabiliter la dictature de Park Chung-Hee, le défunt père de l'actuelle présidente destituée Park Geun-Hye (archives). KEYSTONE/AP/LEE JIN-MAN sda-ats

(Keystone-ATS) La Corée du Sud a dévoilé mardi la version définitive de manuels d’histoire controversés. Ils sont critiqués par l’opposition, qui y voit une tentative de glorification du passé dictatorial du pays.

Le ministère de l’Education a publié ces nouveaux livres destinés aux collégiens et lycéens, alors même que l’Assemblée nationale envisage d’en interdire l’usage. D’après certains députés, ces ouvrages tentent de réhabiliter la dictature de Park Chung-Hee, le défunt père de l’actuelle présidente destituée Park Geun-Hye.

Park Chung-Hee a dirigé le pays pendant 18 ans jusqu’à son assassinat en 1979.

“Nous devons établir des perceptions historiques qui encouragent des vues positives sur notre propre histoire”, a déclaré le vice-ministre de l’Education Lee Young à la presse.

Divisions idéologiques

Les critiques reprochent aux nouveaux manuels d’exagérer le rôle de Park Chung-Hee dans l’industrialisation de la Corée du Sud, tout en survolant les abus des droits de l’homme commis sous son règne.

“Conséquence des efforts du gouvernement pour renforcer les exportations, le volume des exportations a bondi de 40% chaque année”, peut-on lire des années Park dans un exemplaire en ligne du nouveau manuel pour lycéens.

L’histoire reste le terrain de divisions idéologiques profondes en Corée du Sud, devenue une démocratie en 1987 seulement.

Choix d’ouvrages

Les conservateurs partisans de la réforme reprochent aux livres actuels de vouloir influencer les élèves par des idées trop gauchistes. Ils les accusent de minimiser les progrès réalisés sous les différentes dictatures, dont l’industrialisation rapide survenue après la guerre de Corée (1950-53), et de ne quasiment pas évoquer les abus des droits de l’homme commis par la Corée du Nord.

Initialement, le gouvernement souhaitait imposer dès 2017 l’utilisation des nouveaux ouvrages. Mais face à la vague de critiques émanant entre autres d’historiens et d’enseignants, il a annoncé en décembre que les écoles auraient le choix entre ces ouvrages et d’autres manuels agréés publiés par des maisons d’édition privées.

Des députés d’opposition membres de la Commission parlementaire de l’éducation envisagent des mesures pour interdire les nouveaux ouvrages qualifiés de “manuels Park Chung-Hee”.

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