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La gauche monte au créneau avec ses alliés bourgeois pour défendre la réforme des retraites

Pour la gauche, le centre-droit et l'économie romande, il faut dire deux fois "oui" au projet de Prévoyance viellesse le 24 septembre. KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) La campagne pour la votation fédérale du 24 septembre sur la réforme des retraites bat son plein. Un jour après les opposants bourgeois, la gauche est entrée vendredi en scène avec ses alliés de droite et l’économie romande pour défendre le “oui”.

Ils ont battu en brèche les critiques du PLR et de l’UDC contre une “pseudo-réforme”. Avec le projet, les retraites seront assurées et l’AVS solidement financée, a déclaré devant la presse à Berne le président de l’Union syndicale suisse Paul Rechsteiner.

Après 20 ans de blocage, il s’agit d’un compromis absolument nécessaire, ont défendu tous les orateurs. Sans réforme, le fonds de compensation de l’AVS ne ne sera plus en mesure de verser les rentes en cours dès 2035, a précisé le président du PDC Gerhard Pfister.

Dans le 2e pilier, le taux de conversion du capital en rente ne correspond plus du tout à la réalité démographique, a critiqué Olivier Sandoz au nom de la Fédération romande des entreprises (FER). Rejeter la baisse prévue de 6,8 % à 6,4% obligera les caisses de pension à continuer de longues années à puiser dans les fonds des actifs pour servir les rentes.

Pragmatique

La FER a toujours soutenu qu’il fallait éviter de favoriser le 1e pilier au détriment du 2e. Mais il faut être pragmatique, le compromis soumis au peuple a le mérite d’exister et de pouvoir être accepté. C’est une première étape indispensable dans la consolidation du système de sécurité sociale, a estimé M.Sandoz.

C’est aussi la première fois depuis 42 ans qu’une augmentation des rentes AVS est proposée, a souligné le président du PS Christian Levrat. Qualifier le supplément de 70 francs prévu pour les nouveaux rentiers de “petit sucre” est un affront à tous ceux qui peinent à joindre les deux bouts avec leurs rentes AVS. Les couples mariés bénéficieront eu de 155% d’une rente simple au lieu de 150%.

Femmes gagnantes

Les femmes profiteront aussi de la réforme. Selon la présidente des Verts Regula Rytz, il peut paraître étrange d’exiger qu’elles travaillent jusqu’à 65 ans alors que leur discrimination salariale par rapport aux hommes persiste. Mais la plupart des femmes partent déjà à la retraite avant ou après 64 ans.

Le projet améliorera la couverture des travailleurs à temps partiel. Une femme de 39 ans avec un enfant qui gagne 35’000 francs par an verra sa rente mensuelle de 2e pilier grimper de 365 à 594 francs par mois. Les suppléments de rentes AVS prévus compenseront parfois entièrement l’année de travail en plus pour les femmes et ils amélioreront la situation du demi-million d’entre elles sans prévoyance professionnelle. Les rentes de veuves sont maintenues.

Un projet solidaire

La réforme est un compromis équilibré et solidaire car elle demande des sacrifices et prévoit des progrès pour tout le monde, a défendu la présidente du PEV Marianne Streiff. Les retraités contribueront à l’effort via l’augmentation de la TVA, mais ils verront leurs rentes garanties au moins jusqu’en 2030.

Les jeunes devront payer toute leur vie des cotisations plus élevées et davantage de TVA, mais ils pourront compter plus longtemps sur une rente. Et la conseillère nationale de dénoncer la fable des opposants qui essaient de monter les générations les unes contre les autres.

L’AVS récupérant une part de TVA destinée pour l’instant à l’AI, le peuple ne devra débourser que 0,3% de TVA de plus qu’actuellement. Jamais cette manne ne pourra être acquise à si bon compte, a salué le président de l’USS.

Ça ou rien

De toute façon, le peuple a le choix entre ce compromis ou rien. En cas de “non” le 24 septembre, aucun plan B des opposants ne trouvera de majorité. Le chaos durera au moins 10 ans avec des conséquences très importantes sur l’AVS, a averti Gerhard Pfister.

“Si le peuple refuse de porter la retraite des femmes à 65 ans, je ne vois pas comment il sera possible de lui proposer 67 ans pour tous”. C’est bien ce que souhaitent la majorité des parlementaires PLR et UDC, a complété Christian Levrat.

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