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La justice poursuit son enquête sur Fillon vu les premiers éléments

François Fillon, qui a fait campagne sur le thème de la probité, a promis plusieurs fois qu'il se retirerait de la course s'il était mis en examen. Keystone/AP AFP POOL/MICHEL EULER sda-ats

(Keystone-ATS) La justice a écarté jeudi un classement sans suite à ce stade de l’enquête ouverte sur les soupçons d’emplois fictifs dont aurait bénéficié la famille du candidat à l’élection présidentielle française, François Fillon. Les investigations vont donc se poursuivre.

Le procureur financier du Parquet national financier (PNF) précise dans un communiqué que l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) lui a remis mercredi les premiers résultats de l’enquête préliminaire. Cette enquête, ouverte le 25 janvier, concerne des faits “susceptibles d’être qualifiés de détournements de fonds publics, abus de biens sociaux et recels de ces délits, mettant en cause, notamment, M. et Mme Fillon”, rappelle-t-il.

“En tant qu’autorité de poursuite, il est de mon devoir d’affirmer que les nombreux éléments déjà recueillis ne permettent pas d’envisager, en l’état, un classement sans suite de la procédure”, ajoute Eliane Houlette, la procureure. “Les investigations vont se poursuivre dans le strict respect des règles qui gouvernent le code de procédure pénale”.

Plusieurs options

“La seule mission du parquet national financier est d’appliquer la loi, fondement du pacte démocratique”, conclut-elle. La procureure répondait ainsi aux accusations d’illégitimité portées contre cette instance de lutte contre la corruption par le candidat de la droite à l’élection présidentielle. Ses avocats ont répété ces derniers jours que les emplois dont ont bénéficié son épouse et deux de ses enfants étaient légaux et expliqué que le PNF n’était pas compétent.

Les options dont dispose le PNF sont un classement sans suite s’il estime à la fin de son enquête que les délits ne sont pas constitués ou la transmission du dossier au parquet de Paris s’il considère qu’il n’est pas compétent. Il peut aussi ouvrir une information judiciaire, et confier l’enquête à des juges d’instruction, ou directement renvoyer devant le tribunal correctionnel une ou plusieurs des personnes visées par l’enquête.

Réaction de Fillon

Celui que tous les sondages donnaient favori à l’élection des 23 avril et 7 mai a chuté dans les intentions de vote à la suite de révélations de la presse sur les salaires touchés par son épouse Penelope comme attachée parlementaire. M. Fillon, qui a fait campagne sur le thème de la probité, a promis plusieurs fois qu’il se retirerait de la course s’il était mis en examen.

Jeudi, il a estimé que le communiqué du parquet était avant tout un “acte de communication qui nourrit le feuilleton médiatique”. “Il n’y a rien de nouveau, ni poursuite ni mise en examen”, a-t-il déclaré au journal Le Figaro. “Je m’en remets donc désormais au seul jugement du suffrage universel”, a-t-il ajouté.

Les avocats du couple Fillon ont, eux, à nouveau contesté le rôle du PNF, qu’ils jugent non compétent. “Nous maintenons que l’enquête se déroule en violation des règles de compétence du Parquet national financier et, plus grave encore, du principe de la séparation des pouvoirs”, écrivent Antonin Lévy et Pierre Cornut-Gentille, qui défendent respectivement François et Penelope Fillon, dans un communiqué.

A gauche, le candidat socialiste Benoît Hamon a choisi d’attaquer le même jour sur le thème de la “transparence”. “Les citoyens sont en droit de connaître quels sont les grands contributeurs financiers dans le cadre d’une campagne”, a expliqué son trésorier lors d’une conférence de presse.

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