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La ministre sud-coréenne de la culture démissionne

La ministre de la Culture sud-coréenne Cho Yoon-Sun est accusée d'avoir agi ainsi pour priver les artistes de subventions gouvernementales et d'investissements privés et les placer sous surveillance des autorités. KEYSTONE/EPA POOL/JEON HEON-KYUN / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) La ministre sud-coréenne de la culture a démissionné samedi après avoir été arrêtée quelques heures plus tôt, a annoncé l’agence Yonhap. Elle est soupçonnée d’avoir constitué une “liste noire” de dix mille artistes critiques de la présidente destituée Park Geun-Hye.

Cho Yoon-Sun est accusée d’avoir agi ainsi pour priver les artistes de subventions gouvernementales et d’investissements privés et les placer sous surveillance des autorités. Un tribunal de Séoul a émis un mandat d’arrêt à son encontre, l’accusant d’abus de pouvoir et de parjure, selon Yonhap.

Peu après, la ministre a remis sa démission au Premier ministre Hwang Kyo-Ahn, qui l’a aussitôt acceptée, a précisé Yonhap, l’agence de presse sud-coréenne. Mme Cho, 50 ans, souvent qualifiée dans les médias sud-coréens de “Cendrillon de (la présidente) Park”, est une fervente partisane de la présidente destituée, pour qui elle avait également servi en tant que ministre pour l’égalité des genres.

Le même tribunal de Séoul a aussi émis un mandat d’arrêt à l’encontre de Kim Ki-Choon, ancien chef de cabinet influent de la présidente Park. Il est aussi accusé d’avoir établi une liste d’artistes “gauchisants”.

Sur cette “liste noire” figurent des artistes appartenant tant au milieu du cinéma que du théâtre ou de la musique, ainsi que de la littérature, représentant un véritable Who’s who de la scène sud-coréenne. Parmi les personnes visées, la romancière Han Kang, vainqueur en 2016 du Prix international Man Booker et Park Chan-Wook, le réalisateur de “Old boy”, qui a remporté le Grand Prix du festival de Cannes, en 2004.

Plusieurs des artistes visés ont exprimé leur soutien aux partis de l’opposition ou ont critiqué l’administration de Park Geun-Hye ou de son père, Park Chung-Hee, qui a dirigé le pays de 1961 à 1979.

Ressentiment

L’existence de cette “liste noire” a suscité beaucoup de ressentiment dans le pays, ravivant les souvenirs de la dictature militaire des années 1960 à 1980, au cours de laquelle le monde de la presse, des arts et des spectacles subissait une censure stricte.

La présidente Park Geun-Hye a été destituée par le Parlement le mois dernier en raison d’un vaste scandale de corruption.

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