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La préférence indigène comme coup de pouce aux seniors

Confédération, syndicats et patrons misent sur la préférence indigène "light", a indiqué le ministre de l'économie Johann Schneider-Ammann. KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) Les travailleurs de plus de 50 ans ne doivent pas être discriminés. Les acteurs misent notamment sur la préférence indigène “light”, prévue par la mise en oeuvre de l’initiative contre l’immigration de masse. Mais les désaccords entre syndicats et patrons restent.

Sous l’égide du Département fédéral de l’économie (DEFR), des représentants des partenaires sociaux et des cantons débattaient mardi à Berne lors de la troisième conférence nationale “Travailleurs âgés en Suisse”. Des représentants de travailleurs seniors et de chômeurs ont aussi participé aux travaux préparatifs.

Les personnes âgées de plus de 55 ans sont moins souvent concernées par le chômage que les plus jeunes. Selon le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), le taux de chômage des plus de 50 ans s’est monté à 2,8% en 2016, contre 3,3% en moyenne suisse.

Mais une fois au chômage, les seniors ont souvent plus de peine à retrouver un emploi adéquat. Ce constat n’est pas nouveau. Si les chiffres montrent qu’il n’existe aucune exclusion systématique des travailleurs âgés, on relève des cas de pratiques discriminatoires.

Or ces discriminations ne sont pas acceptables, ont estimé mardi tous les acteurs concernés dans une déclaration commune. Et vu le vieillissement général de la population active, des investissements en faveur de la capacité de travail et de l’employabilité des plus de 50 ans sont nécessaires.

Obligation d’annonce

Les partenaires misent notamment sur l’obligation d’annonce des postes à pourvoir aux offices régionaux de placement pour les branches en difficulté. Prévue par le Parlement dans la loi d’application de l’initiative de l’UDC contre l’immigration de masse, cette mesure devrait entrer en vigueur en 2018. Une procédure de consultation aura lieu encore cette année, a dit le ministre de l’économie Johann Schneider-Ammann.

Une mise en oeuvre efficace de cette mesure devrait bénéficier aux travailleurs plus âgés, ont estimé syndicats et patrons. Mais les désaccords sur le fond persistent entre les partenaires sociaux.

Déception

Pour les syndicats, ce troisième round de discussions est clairement décevant. Les acteurs n’ont pu s’accorder sur aucune mesure concrète, constate Travail.Suisse dans un communiqué. L’Union syndicale suisse estime que les appels à la raison lancés aux entreprises ne suffisent plus.

Au mois de mars, la part de personnes au chômage depuis plus d’une année se montait à 26,8% parmi les plus de 50 ans, a rappelé Travail.Suisse la semaine dernière. La proportion était de 2,3% chez les 15-24 ans et de 14,1% chez les 25-49 ans.

Ces chiffres sont la preuve qu’il faut agir pour mieux soutenir les travailleurs âgés, selon leurs défenseurs. Mesures phares proposées: mieux protéger au niveau de la loi les plus de 55 ans contre les licenciements ou encore empêcher que les entreprises fixent une limite d’âge dans les offres d’emploi. Les employeurs devraient également être obligés de favoriser la formation continue des seniors.

Pas d’interventionnisme

Les patrons ne veulent pas entendre parler de telles mesures, qu’ils estiment “contre-productives” et “nuisibles”. L’Union suisse des arts et métiers (usam) fait savoir dans un communiqué qu’elle refuse de nouvelles interventions régulatrices.

La faîtière des PME veut plutôt miser sur des mesures visant à maintenir l’employabilité des travailleurs âgés. Ces derniers doivent être motivés et disposés à parfaire leur formation. Bilans et mesures de formation continue doivent se régler de manière individuelle entre l’employeur et le travailleur.

Et pour soutenir les plus de 50 ans, l’usam veut encore plus utiliser les canaux des entreprises de location de services et de travail temporaire. La faîtière a déjà présenté au SECO un projet pour améliorer le placement des travailleurs seniors, indique-t-elle.

Sensibilisation

L’an dernier, la 2e conférence nationale avait tiré un bilan positif des engagements pris lors de la première mouture en 2015, notamment un soutien accru à la formation professionnelle pour toutes les classes d’âge, et des efforts de sensibilisation des entreprises pour contrer les préjugés négatifs concernant les travailleurs âgés.

Le Conseil fédéral a de son côté présenté récemment un projet pour la formation continue axé sur la numérisation de l’économie, ciblant cette part de la population. Le DEFR devra présenter un programme concret d’ici novembre. Ces mesures font partie d’une initiative lancée en 2011 pour contrer le manque de personnel qualifié et soutenir le potentiel de main-d’oeuvre indigène.

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