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La Suisse toujours maudite

(Keystone-ATS) Marquer le plus beau but du tournoi n’a pas suffi. Maudite une nouvelle fois, la Suisse est éliminée en huitième de finale de l’Euro 2016 par la Pologne (1-1 ap, 5-4 tab).

A Saint-Etienne, la sélection de Vladimir Petkovic s’est inclinée 5-4 aux tirs au but face à la Pologne. Granit Xhaka fut le seul des dix tireurs à ne pas trouver le cadre. Yann Sommer n’a pas pu réaliser un nouveau miracle. Il est vrai que la précision chirurgicale des artificiers polonais ne lui a pas laissé la moindre chance.

Cette défaite est encore plus cruelle que celles concédées en 8e de finale de la Coupe du monde à Cologne en 2006 face à l’Ukraine et il y a deux ans à Sao Paolo devant l’Argentine. A Geoffroy-Guichard, la Suisse a eu la mainmise sur le jeu. Seulement, elle a dû livrer une épuisante course-poursuite après l’ouverture du score des Polonais à la 39e minute.

L’égalisation magnifique de Shaqiri rend encore cette élimination encore plus douloureuse. Transparent depuis le début du tournoi, le joueur de Stoke City a réussi une volée extraordinaire à la la 82e minute pour permettre à son équipe de reprendre la main sur cette rencontre. Et démontrer qu’il demeure bien un joueur d’exception.

Granit Xhaka, avec son penalty raté, est, en revanche, le héros malheureux de cette rencontre. Le futur joueur d’Arsenal ne mérite pas cette infortune. Après un début de match laborieux, il a au fil des minutes su donner le bon ton à l’équipe de Suisse, qui a toujours cherché à jouer au football. Elle méritait mille fois de se rendre jeudi à Marseille disputer les quarts de finale.

Un coup de poignard

Elle a commencé sur une séquence digne de vidéo-gag entre Sommer et Djourou qui aurait pu provoquer l’ouverture du score après… 23 secondes de jeu si Milik n’avait pas été aussi maladroit. Elle s’est conclue sur le coup de poignard de la 39e avec cette rupture de Grosicki sur le flanc gauche pour le 1-0 de Blaszczykowski.

C’est sur un simple dégagement du gardien Fabianski après le troisième corner suisse que Grosicki a pu désarçonner la défense. Le demi de Rennes a bénéficié d’un contre favorable face à Behrami avant de centrer. Milik laissait filer intelligemment le ballon pour Blaszczykowski qui marquait entre les jambes de Sommer. Le gardien aurait peut-être pu rester plus longtemps sur ses appuis avant la frappe du joueur de la Fiorentina.

“Bougés” dans les duels en début de match, les Suisses avaient eu le mérite de poser finalement leur jeu lors de cette première période. Malgré deux envois cadrés, une frappe de Dzemaili déviée et une tête de Schär, ils n’ont toutefois pas bénéficié d’une véritable occasion.

Ils s’appliquaient à tisser tranquillement leur toile. “Il faudra de la patience”, lâchait Vladimir Petkovic vendredi. Mais le but de Blaszczykowski devait tout changer. Un but qui n’était pas sans rappeler celui du 3-0 de Valbuena lors du France – Suisse de Salvador en 2014. Au Brésil, les Suisses avaient également été cueillis sur une rupture après un corner en leur faveur….

Tous les risques

A la reprise, c’est Shaqiri qui sonnait la révolte. Le joueur de Stoke sortait enfin de son apathie pour provoquer à deux reprises le danger. Avant l’heure de jeu, Vladimir Petkovic prenait une première mesure forte: il lançait Embolo à la place de Dzemaili afin de muscler davantage son attaque. Le Bâlois est parti au combat avec le culot de ses 19 ans, sans se poser une seule question.

A la 70e, Vladimir Petkovic tentait un nouveau pari avec l’entrée en jeu de Derdiyok pour Mehmedi. La Suisse manoeuvrait presque en 4-1-1-4 pour forcer le destin. Pour marquer enfin dans un huitième de finale.

Les Suisses ont failli le faire à la 73e minute avec ce coup franc de Rodriguez dans la lucarne que Fabianski sortait magnifiquement. Cinq minutes plus tard, Seferovic le Maudit trouvait la transversale. Les Suisses attaquaient en cette fin de match face à leur kop. Les chants de leurs supporters les galvanisaient. Leur donnaient la foi pour livrer ce véritable baroud. Il était couronné à la 82e minute avec ce but venu d’ailleurs de Shaqiri. Comme à Cologne et à Sao Paulo, on était parti pour les prolongations.

Deux chances pour Derdiyok.

Des prolongations avec une seule équipe sur le terrain: la Suisse. Les Polonais n’avaient qu’un seul objectif: tenir jusqu’aux tirs au but. Les 45 heures de répit en moins imposés à la Pologne par le règlement du tournoi pesaient cette fois de tout leur poids.

Malheureusement, les Suisses, malgré quelques éclairs d’un Shaqiri retrouvé, n’ont pas trouvé une seconde fois la faille. A la 113e, Shaqiri déposait un caviar pour la tête de Derdiyok mais Fabianski pouvait s’interposer. Le meilleur homme de la Pologne était bien son gardien. A la 118e, Derdiyok était encore danagereux sur un centre de Seferovic. Aux points, la Suisse menait vraiment très largement avant l’épreuve des tirs au but.

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