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La voiture reste un rêve d’ado

Le rapport des filles à la voiture évolue, selon les chercheurs de l'EPFL (Photo prétexte). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) La voiture continue de faire rêver les ados et, pour eux, le permis de conduire fait partie du CV. Mais à leur entrée dans la vie active, leur position évolue, constatent des chercheurs de l’EPFL.

Les chercheurs du Laboratoire de sociologie urbaine se fondent sur 8000 questionnaires remplis par des jeunes de 14 à 17 ans sélectionnés sur la base d’une analyse des termes utilisés dans près de trois millions de Tweets. Ils se sont concentrés sur cinq grands pays européens: France, Italie, Allemagne, Espagne et Grande-Bretagne.

La voiture, c’est rapide, pratique, confortable et sécurisant. Des résultats qui viendraient contredire d’autres études soulignant un désamour croissant pour l’automobile, illustré par le passage de plus en plus tard du permis de conduire. “C’est plus complexe”, corrigent les sociologues cités vendredi dans un communiqué de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Le premier constat de leur étude est que, dans les cinq pays, la voiture est toujours très valorisée, avance Guillaume Drevon, un des chercheurs. Même si les trois quarts des jeunes estiment que les enjeux écologiques sont importants, entre 84 et 92% considèrent que passer le permis reste une priorité.

“Cela fait partie du CV, au côté du diplôme d’études secondaires. Il reste un gage d’indépendance, d’autonomie et de liberté”, ajoute M.Drevon. La passion n’est pas aveugle cependant, relèvent les chercheurs. Quand les ados atteignent l’âge adulte, ils remettent en question leur position.

Les filles aussi

“Les ados entament alors des études, la conscience écologique se renforce, beaucoup s’installent dans des zones très bien desservies par les transports en commun et, parallèlement, la gestion de leur propre budget les restreint. Ces éléments concourent à repousser le passage du permis de conduire, constatent les chercheurs qui renvoient dans 10 à 15 ans, quand les ados interrogés auront 30-35 ans, pour voir si c’est un effet de génération.

L’autre surprise de l’étude vient du fait que les filles pointent plus que les garçons les aspects positifs de la voiture. “Pour les adolescentes, l’automobile renvoie à une image sécurisante. Or, chez les filles, la sécurité dans les transports publics et les déplacements à pied constitue un véritable enjeu.

Les mal-aimés

Face à la voiture, les autres moyens de transport ont mauvaise presse auprès des adolescents, pour des raisons parfois contradictoires. Ainsi les transports publics n’ont pas la cote. “Pour les jeunes, ils sont essentiellement liés au déplacement scolaire, qui s’effectue souvent dans de mauvaises conditions et à un moment défavorable”, précise Emmanuel Ravalet, un des chercheurs de l’équipe.

La motocyclette ne suscite pas grand enthousiasme, à part en Italie et, dans une moindre mesure, en Espagne. Elle est surtout vue comme rapide, mais dangereuse. Quant au vélo, il remporte une image positive chez 33% (Grande-Bretagne) à 46% (France) des mineurs. Il est à la fois considéré comme fatigant et sain.

Population à cibler

C’est la première fois que des sociologues se sont penchés sur les rapports de cette tranche d’âge à la mobilité, d’après l’EPFL. Pour eux, l’intérêt de ce travail – financé par Toyota, précisent-ils – est de voir comment se positionne une population largement dépendante qui n’est pas encore confrontée à un choix de mobilité.

Ils ont constaté que c’est à l’adolescence que se forme la culture de la mobilité et que celle-ci est très liée au contexte familial: les horaires, les fréquentations, les lieux à éviter, la permissivité, l’image de la voiture. Et de conclure que les efforts de promotion des modes de transports alternatifs devraient donc aussi concerner cette population.

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