Des perspectives suisses en 10 langues

Le Darfour vote sur son statut, les rebelles boycottent

(Keystone-ATS) Les habitants du Darfour ont commencé lundi à voter dans le cadre d’un référendum sur le statut administratif de cette région troublée du Soudan. Cette consultation est boycottée par les groupes rebelles et critiquée à l’étranger.

Les électeurs ont jusqu’à mercredi soir pour se rendre dans les bureaux de vote protégés par des policiers armés et dont les murs sont couverts d’affiches appelant à une participation massive. “Tous les bureaux de vote ont ouvert et aucun problème n’a été relevé”, a indiqué Omar Ali Jomaa, chef de la commission électorale.

Malgré la persistance des combats au Darfour, le président soudanais Omar el-Béchir avait souhaité le maintien de cette consultation populaire. Les électeurs doivent décider s’ils veulent conserver l’organisation administrative actuelle du Darfour, divisé en cinq Etats, ou les fusionner en une seule et même région.

La première option est soutenue par M. Béchir, mais critiquée par les observateurs qui affirment qu’elle renforce encore davantage le contrôle du pouvoir sur cette région d’environ 500’000 km2 dont le sous-sol recèle d’importantes richesses (pétrole, uranium et cuivre).

Inquiétudes

Les insurgés qui combattent le régime de Khartoum depuis 2003 sont de fervents partisans de l’unification du Darfour. Mais ils ont décidé de boycotter le référendum qu’ils jugent inéquitable.

Les Etats-Unis ont également fait part de leurs inquiétudes, estimant qu'”un référendum au Darfour ne pouvait pas être considéré comme une expression crédible de la volonté du peuple du Darfour”.

Dans un camp de déplacés situé aux portes de la ville d’El Fasher, capitale de la province du Darfour Nord, un centre de soin accueille les électeurs.

“J’ai voté pour une seule région (capable) de résoudre les problèmes du Darfour”, confie Fathiya Adam Hassan, une habitante du camp âgée de 38 ans.

En cherchant son nom sur la liste électorale affichée devant les portes du centre de santé, Samia Haroun ne cache pas son soutien pour le maintien d’un système à cinq Etats, également plébiscité par le parti au pouvoir, le Congrès national. “Je veux cinq Etats, je veux que ce choix l’emporte”, lance l’électrice.

Conflit

Le Darfour, où vivent de nombreux groupes ethniques, formait une région unique jusqu’en 1994, date à laquelle le gouvernement l’a divisé en trois Etats: Darfour-Nord, Sud et Ouest. Deux Etats supplémentaires ont été créés en 2012.

En 2003, des groupes armés d’origine non arabe, estimant que leur région était marginalisée par Khartoum, se sont rebellés. Depuis, le conflit a fait 300’000 morts selon l’ONU – 10’000 selon Khartoum- et plus d’un million de déplacés. Les violences s’y poursuivent, mais à une moindre échelle.

C’est au regard de ce contexte que les rebelles boycottent le référendum: pour eux, les troubles et le nombre important de déplacés biaise la donne. Mais leur boycott et les critiques internationales n’ont pas entamé la volonté de Khartoum d’organiser cette consultation.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision