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Le Kosovo pointe Belgrade du doigt après l’arrestation d’Haradinaj

Au début des années 1990, Ramush Haradinaj s'était réfugié en Suisse (archives). KEYSTONE/AP/VISAR KRYEZIU sda-ats

(Keystone-ATS) Le Kosovo s’est dit “inquiet” de l’arrestation en France à la demande de la Serbie de l’ex-chef rebelle Ramush Haradinaj. Pristina a accusé vendredi Belgrade de vouloir provoquer “tensions” et “conflits” dans les Balkans.

La justice serbe accuse M. Haradinaj de crimes de guerre contre des civils lors du conflit de 1998-1999 entre les forces de Belgrade et la rébellion albanaise kosovare de l’UCK (Armée de libération du Kosovo).

Cette guerre, qui a fait 13’000 morts, devait conduire à la sécession de cette région puis à son indépendance en 2008.

Brièvement Premier ministre en 2004-05, Ramush Haradinaj avait été acquitté en 2012 par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).

Désormais leader d’un parti d’opposition au président Hashim Thaçi, Ramush Haradinaj a été arrêté par la police française mercredi à l’aéroport de Bâle-Mulhouse (est), où il venait d’arriver.

Lors d’une réunion de son cabinet vendredi, le Premier ministre kosovar Isa Mustafa a exprimé “l’inquiétude du gouvernement après cette arrestation et les procédures judiciaires”.

L’interpellation a été menée en vertu d’un mandat d’arrêt international délivré par la justice serbe en 2004. Ce mandat est “politiquement motivé et inamical de la part de Belgrade”, a accusé Isa Mustafa.

Ces types de mandats serbes contre des responsables kosovars “sont complètement illégaux” et ont pour “conséquence claire de provoquer des tensions, des conflits, et de remettre en cause le processus européen dans la région et plus largement”, a mis en garde Isa Mustafa.

“Haradinaj n’est pas recherché pour des raisons politiques, mais à cause des crimes de guerre graves commis contre des Serbes”, a répliqué le ministère serbe de l’Intérieur Nebojsa Stefanovic.

Manifestation à Pristina

Des vétérans kosovars du conflit de 1998-99 ont annoncé une manifestation vendredi devant l’ambassade de France à Pristina.

Sur Twitter, le Premier ministre albanais Edi Rama a qualifié d'”absurdité” l’arrestation de Ramush Haradinaj.

Soutenue par la Russie, la Serbie ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo. Mais un accord de normalisation des relations entre Belgrade et Pristina a été conclu en 2013, sous l’égide de l’Union européenne.

Ramush Haradinaj est un opposant à cette normalisation, souhaitée par son ancien compagnon d’armes, le président Hashim Thaçi.

Il était le chef d’une unité, les Aigles noirs, soupçonnée d’avoir torturé et tué dans l’est du Kosovo des dizaines de personnes, Serbes, Roms ou encore Kosovars albanais accusés de collaboration.

Au début des années 1990, Ramush Haradinaj s’était réfugié en Suisse. Il avait alors gagné sa vie comme ouvrier du bâtiment, videur dans des boîtes de nuit ou maître de sport à Leysin (VD). Il a quitté la Suisse en 1997 et regagné le Kosovo.

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