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Le nombre de victimes grimpe, quatre pays de l’UE appellent à agir

(Keystone-ATS) Nouvel épisode tragique de l’immigration clandestine en Méditerranée, une femme est morte sur un canot ayant dérivé pendant deux jours en mer. Quatre pays de l’UE ont réclamé vendredi une solution “forte et résolue” aux problèmes d’immigration au niveau européen.

Cette femme est morte de ses blessures après avoir été grièvement brûlée dans l’explosion d’une bonbonne de gaz, dans le camp en Libye d’où elle attendait de traverser la Méditerranée, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). C’est pourtant bien en mer, à bord d’un canot pneumatique à moitié dégonflé, qu’elle a été retrouvée par les garde-côtes italiens, avec quinze autres blessés, dont un bébé de six mois.

Les survivants ont raconté au HCR que les passeurs libyens les avaient forcés à embarquer sur ce canot sans donner aucun soin aux blessés et qu’ils avaient dérivé pendant deux jours en mer avant d’être sauvés par les garde-côtes.

Urgence humanitaire

Plus de 11’000 migrants ont débarqué en Italie au cours des six derniers jours, et des centaines d’autres continuaient d’arriver vendredi sur les côtes italiennes. Dans le même laps de temps, deux naufrages ont fait au moins 450 morts.

Les conditions de vie dans les camps d’attente sur les côtes libyennes sont particulièrement dures. Les récits des migrants font état de traitements inhumains de la part des passeurs en Libye et de violences réitérées.

Chalutier séquestré

Les passeurs libyens se sont montrés récemment de plus en plus confiants, au point d’avoir tiré deux fois sur des garde-côtes afin de récupérer deux bateaux vidés de leurs migrants. Vendredi, des hommes armés ont intercepté un chalutier italien avec sept marins à bord, au large des côtes libyennes.

Selon un communiqué du ministère italien de la Défense, qui a fait intervenir un navire militaire pour reprendre le contrôle du bateau de pêche, ces hommes armés se trouvaient à bord d’un remorqueur, “appartenant vraisemblablement aux forces de sécurité libyennes”. Mais les autorités italiennes n’en ont pas la certitude. Dans l’après-midi, le bateau a repris sa route en direction de la Sicile.

Appel envers l’UE

Le Premier ministre italien Matteo Renzi, en visite à Washington, a dit que le problème ne pourrait être résolu sans une stabilisation de la situation en Libye. A ses côtés, le président américain Barack Obama a rappelé l’inquiétude américaine face à l’établissement de zones contrôlées par des groupes “terroristes” en Libye. “Nous ne pourrons pas résoudre le problème avec quelques frappes”, a-t-il ajouté.

Face à cette situation, dénoncée avec véhémence par les organisations humanitaires qui somment l’Europe d’en faire plus, quatre pays de l’UE ont signé une déclaration commune pour réclamer une solution “forte” au niveau européen.

“Les tragiques événements récents en Méditerranée, avec la disparition de centaines de personnes sur des bateaux de migrants, réclament une réaction commune et forte de l’Europe”, écrivent les ministres des Affaires européennes allemand, français, italien et slovaque.

En parallèle, le parquet de Palerme devait demander vendredi le maintien en détention des quinze migrants accusés d’avoir jeté des compagnons d’infortune chrétiens à la mer, après une rixe sur un bateau les transportant depuis la Libye. L’incident a coûté la vie à douze réfugiés catholiques ghanéens et nigérians.

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