Des perspectives suisses en 10 langues

Le nouvel hymne suisse n’est pas encore sur toutes les lèvres

Plongée dans la suissitude: les paroles de l'hymne national imprimées sur les t-shirts du Grütli (Photo prétexte). KEYSTONE/ALEXANDRA WEY sda-ats

(Keystone-ATS) “Sur fond rouge la croix blanche” au lieu de “Sur nos monts”: l’hymne suisse a changé de paroles depuis près d’une année. Mais les nouvelles strophes dans chaque langue nationale et la “strophe fédérale” en quatre langues ne sont pas encore sur toutes les lèvres.

La recherche d’un nouveau texte pour l’hymne national a été lancée en 2014 par la Société suisse d’utilité publique (SSUP). Traduit dans les quatre langues nationales, il a été officiellement mis à la disposition de la population pour la première fois l’an dernier. Il a été entonné sur le Grütli et dans une vingtaine de communes.

Le texte qui a remporté le concours commence par “Sur fond rouge la croix blanche” et a été créé par le Zurichois Werner Widmer. La mélodie reste la même.

Cette année lors des festivités sur le Grütli, le cantique actuel “Sur nos monts quand le soleil” ainsi que la nouvelle “strophe suisse”, en 4 langues, seront chantés, fait savoir à l’ats le directeur de la SSUP Lukas Niederberger.

Paroles à faire connaître

Chargé de la gestion de la prairie du Grütli, la SSUP s’attelle à faire connaître les nouvelles paroles. Celles-ci sont disponibles sur internet et également sur des supports tels que t-shirts et tasses qui peuvent être commandés en ligne. M. Niederberger ne sait cependant pas combien de fois le texte a été téléchargé.

La SSUP a par ailleurs fondé un comité de soutien pour le nouveau texte. Il est composé de 70 personnalités parmi lesquelles quatre anciens conseillers fédéraux, Ruth Dreifuss, Ruth Metzler, Moritz Leuenberger et Eveline Widmer-Schlumpf.

Les membres émanent d’ailleurs nettement plus du monde politique que sportif: les athlètes sollicités par la SSUP ont pour la plupart répondu négativement, selon Lukas Niederberger. “La majeure partie des sportifs ne veulent ou ne peuvent pas s’engager en faveur de questions de société.”

L’Association suisse de Football ne donne pas de directives concernant les chants avant les matchs nationaux, explique son porte-parole Marco von Ah. Les joueurs peuvent choisir s’ils veulent chanter et quoi.

Version française

Parmi les communes qui ont déjà adopté le nouvel hymne l’an dernier, la ville de Berne. L’ancien président de son Conseil de ville, Thomas Göttin, en garde un bon souvenir: “Les gens ont chanté et ont eu du plaisir”. Les deux textes figureront à nouveau au programme des festivités cette année.

A Genthod et Meinier (GE), la population a aussi fredonné les nouvelles paroles. Néanmoins, la version française n’est pas facile à accorder avec la mélodie, confie la municipale Coranda Pierrehumbert de Meinier, cité dans la revue “Commune Suisse”.

Pas d’hymne cette année à Genthod, c’est Bellevue (GE), commune voisine, qui prend le relais. La SSUP laisse libre choix aux communes de chanter ou non le nouveau texte à côté du cantique suisse.

Pas besoin de changer, dit l’UDC

Parmi les utilisateurs fréquents de l’hymne national figure l’UDC. Ses délégués l’entonnent lors des assemblées du parti. Le nouveau texte n’est pas d’actualité et n’a pas encore été discuté, dit à l’ats le secrétaire général Gabriel Lüchinger. L’UDC ne voit pas la nécessité de changer les paroles.

Il faut du temps pour que le nouvel hymne se fasse connaître, conclut Lukas Niederberger. D’une part, car, à part la fête nationale et les compétitions sportives, les occasions d’entonner le cantique sont rares. D’autre part, les gens ne savent pas encore s’ils ont le droit de le chanter parallèlement à “Sur nos monts”.

“Ils en ont le droit”, affirme le directeur de la SSUP. Exceptions: les réceptions officielles et les événements militaires, comme les remises de drapeau. A ces occasions, pas question de faire l’impasse sur le texte de l’hymne suisse de 1981.

La SSUP suggère que le Parlement se prononce sur le nouvel hymne national. “Mais seulement lorsqu’il sera assez connu” au sein de la population, dit Lukas Niederberger.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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