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Le portail volé “Arbeit macht frei” revient au camp de Dachau

Le portail de sinistre mémoire est de retour sur les lieux du crime KEYSTONE/AP dpa/SVEN HOPPE sda-ats

(Keystone-ATS) Le portail de l’ancien camp de concentration de Dachau en Allemagne, dérobé en novembre 2014 puis récemment découvert en Norvège, a retrouvé mercredi son lieu d’origine. Mais le mystère plane toujours sur l’identité des voleurs.

Le président du Comité international de Dachau, qui représente les survivants du camp et leurs descendants, Jean-Michel Thomas, a “salué le retour de cette porte” portant la maxime nazie “Arbeit macht frei” (“le travail libère”). Une cérémonie a eu lieu sur place.

M. Thomas a demandé la poursuite de l’enquête. Il s’est dit “profondément choqué par la profanation de ce lieu de sépulture consacré au souvenir de toutes les victimes du camp et au respect des 41’000 détenus qui y moururent” sous le nazisme.

A ses yeux, le vol à Dachau, et auparavant celui là encore de l’inscription métallique originale “Arbeit macht frei” à l’entrée du camp d’extermination d’Auschwitz, en Pologne, procèdent d’une “volonté de faire disparaître une trace et un symbole”.

Le ou les voleurs n’ont jamais pu à ce jour être identifiés. Ils avaient dû escalader la porte du site, surveillée mais ne comportant pas de système d’alarme.

Pour le musée

La porte en fer forgé d’environ 2 mètres sur 1 mètre, pesant une centaine de kilos, ne va pas être replacée à l’entrée de l’ancien camp par mesure de sécurité. Elle doit être remise en état puis installée dans un musée du site, ont indiqué les responsables.

L’expression “Arbeit macht frei” était devenue un slogan nazi dans les années 1930. C’est un général SS qui ordonna son apposition à l’entrée de nombreux camps, comme Auschwitz, Dachau ou Sachsenhausen.

Situé à quelques kilomètres de Munich, le camp de Dachau avait été ouvert il y a 80 ans, le 22 mars 1933, moins de deux mois après l’accession d’Hitler à la chancellerie. Ce camp qui servit ensuite de modèle fut d’abord destiné à l’incarcération des prisonniers politiques.

Plus de 206’000 prisonniers venus de plus de 30 pays y ont été détenus, dont l’ancien Premier ministre français Léon Blum. Plus de 41’000 d’entre eux y furent tués ou moururent d’épuisement, de faim ou de maladie, avant que le camp ne soit libéré. Ce lieu de mémoire accueille chaque année quelque 800’000 visiteurs du monde entier.

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