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Le référendum contre la loi sur l’immigration très loin d’aboutir

Le politologue tessinois socialiste Nenad Stojanovic (photo) fait également partie d'un des comités de citoyens qui récoltent les signatures (archives). KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) La probabilité que le peuple se prononce sur la loi de mise en œuvre de l’initiative contre l’immigration de masse s’amenuise. Les comités de citoyens qui ont lancé le référendum n’ont récolté que 12’000 signatures sur 50’000 nécessaires, à un mois du délai de dépôt.

“Le thème est compliqué et difficile à expliquer dans la rue”, a déclaré mercredi à Berne devant les médias le politologue tessinois socialiste Nenad Stojanovic. C’est lui qui a initié le référendum en décembre dernier par le biais d’une annonce sur les réseaux sociaux.

Entretemps, huit autres contestataires se sont joints à lui et plusieurs comités de citoyens d’horizons très divers les soutiennent. Le problème est qu’ils ne disposent que de quelque 30’000 francs de contributions privées. Ce montant couvre surtout les frais d’envoi des feuilles de signatures.

Les référendaires comptent donc sur l’engagement des citoyens. Ils espèrent qu’ils téléchargent les formulaires sur Internet et les leur envoient. Aucun grand parti ou aucune grande organisation ne les soutiennent.

“Nous sommes sous-financés”, a dénoncé Willi Vollenweider, président du groupe Giardino pour une armée forte et ancien UDC. Pour escompter un succès, 50’000 à 10’000 francs sont nécessaires. Il reste toutefois “prudemment optimiste” sur le fait qu’ils puissent y arriver d’ici au 7 avril.

La Jeunesse socialiste se tâte

Quelques petites formations politiques se mobilisent quand même. Les Démocrates suisses, ainsi que les sections tessinoises du PDC, des Vert’libéraux et de la Jeunesse socialiste les aident.

La Jeunesse socialiste suisse quant à elle réfléchit. Elle décidera mi-mars si elle leur donnera aussi un coup de pouce.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce combat n’est pas l’apanage de la droite. Le spectre est très large et va d’un extrême à l’autre de l’échiquier politique.

Ces différents cercles n’ont pas le même but, mais tous affirment qu’un vote permettra de clarifier les relations de la Suisse avec l’UE. Le texte adopté par le Parlement n’est pas compatible avec l’initiative de l’UDC. Or dans un système de démocratie directe, les citoyens doivent se prononcer sur une solution concoctée par les Chambres fédérales si elle ne correspond pas à leur vote, estiment-ils.

Compliqué

Avec le lancement de ce référendum, la situation s’est encore compliquée. S’il aboutit, le peuple aura à se prononcer sur cette loi d’application de l’initiative acceptée en votation le 9 février 2014.

En parallèle, le comité Rasa a lancé son initiative “Sortons de l’impasse” qui vise à annuler ce vote et le Conseil fédéral lui a soumis un contre-projet qu’il transmettra au Parlement fin avril.

Le peuple pourrait donc être amené à se prononcer encore deux fois sur la même thématique. Pour l’heure, rien n’est sûr. La récolte de signatures pour le référendum semble voué à l’échec et il est possible que Rasa retire son initiative.

Le comité ne l’exclut pas si les Chambres fédérales ficellent un “vrai” contre-projet, pour reprendre ses termes. Un vœu qui pourrait se réaliser, puisque le contre-projet du gouvernement n’a pas trouvé grâce aux yeux des partis en consultation.

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