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Les diatomées, des microalgues au coeur de la chimie des océans

Les diatomées vues au microscope, de petits chefs-d'oeuvre de la nature. Elles utilisent la silice et le zinc pour leur croissance. Julien Crespin, SEM facility of the Weizmann Institute, Israel sda-ats

(Keystone-ATS) Dans l’océan Austral, lorsqu’il y a suffisamment de luminosité et de nutriments, les diatomées se multiplient à grande vitesse. Ces microalgues unicellulaires produisent des effets sur une grande partie des mers du globe, rapportent des chercheurs de l’EPFZ.

Dans le contexte du réchauffement climatique, l’équipe de Derek Vance, de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), a étudié le cycle de vie des diatomées dans l’océan Austral et ses effets à large échelle. Ces algues jouent en effet un rôle primordial dans les écosystèmes marins en tant que constituant majeur du phytoplancton, mais aussi dans la fixation du carbone généré par les activités humaines.

Lorsqu’elles se multiplient, les diatomées puisent dans les couches supérieures de l’océan en particulier de la silice dont est faite leur structure externe et du zinc pour produire certaines enzymes. Or les chercheurs zurichois ont constaté que cette couche d’eau d’un kilomètre, appauvrie de ces deux substances, se retrouvait également plus au nord.

Courants marins

Les courants marins l’emmènent en effet en direction de l’équateur, où, tout en plongeant sous une couche de surface plus chaude, elle ne se mélange pas complètement avec les autres couches, rapportent les scientifiques dans “Nature Geoscience”.

Lorsque les diatomées ont épuisé les nutriments des couches supérieures au large de l’Antarctique, leur prolifération cesse abruptement, elles meurent et vont se déposer dans les profondeurs de l’océan. Là, à cinq kilomètres sous la surface, elles servent de nourriture à diverses espèces qui ensuite par leurs déjections restituent les nutriments à l’eau de mer.

Ces eaux enrichies font à leur tour un aller-retour vers l’équateur, portées par les courants marins, et reviennent réchauffées dans l’océan Austral où elles remontent à la surface, déclenchant une nouvelle prolifération de diatomées.

A bord de l’Expédition circumpolaire

“Si toutefois avec le réchauffement, la température des eaux venait à augmenter ou la salinité à baisser, les courants marins et la répartition des nutriments pourraient changer, ce qui toucherait l’activité biologique des diatomées”, explique le Pr Vance, cité mardi dans un communiqué de l’EPFZ.

Le chercheur dirige actuellement un projet à bord de l’Expédition circumpolaire antarctique, partie en décembre d’Afrique du Sud, sous l’égide du du Swiss Polar Institute (SPI). Il s’intéresse en particulier à la consommation de zinc de ces algues, encore non élucidée.

Des échantillons seront prélevés et des diatomées élevées sous diverses conditions en laboratoire. Leurs besoins en différents oligo-éléments sera mesuré par spectromètrie de masse.

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