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Les Européens de l’OTAN vont mutualiser des contrats de défense

Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis (à droite) en pleine discussion jeudi à Bruxelles avec le patron de l'OTAN Jens Stoltenberg (à gauche). Keystone/AP Pool/VIRGINIA MAYO sda-ats

(Keystone-ATS) Les Européens membres de l’Alliance atlantique (OTAN) sont convenus jeudi de mutualiser l’acquisition d’avions et de sous-marins. Ils ont avancé sur l’ouverture d’un nouveau quartier-général englobant les forces d’élite de plusieurs nations européennes.

Ces développements interviennent alors que les Européens tentent de démontrer aux Etats-Unis qu’ils prennent au sérieux leur propre sécurité au moment où Donald Trump laisse entrevoir une baisse de la contribution financière de son pays à l’OTAN

Les ministres allemand et français de la Défense, Ursula von der Leyen et Jean-Yves Le Drian, ont annoncé au siège de l’OTAN que leurs deux pays allaient acheter des avions de transport C-130J produits par l’américain Lockheed Martin. L’Allemagne, la Belgique et la Norvège vont eux participer à la flotte d’avions ravitailleurs Airbus A330 conduite par les Pays-Bas, intégrant déjà le Luxembourg.

La Norvège et l’Allemagne travaillent en outre à l’acquisition d’une nouvelle classe de sous-marins, les U212A, plus efficaces dans la détection et la chasse de bâtiments ennemis. “Cette coopération multinationale par le biais de l’OTAN constitue une manière claire pour des pays d’améliorer significativement leurs forces armées tout en optimisant l’argent des contribuables”, a commenté la diplomate américaine Rose Gottemoeller, secrétaire générale adjointe de l’OTAN.

Changement de cap?

Les lettres d’intention signées au siège de l’OTAN ne sont pas juridiquement contraignantes mais démontrent que les alliés européens, après avoir suivi pendant des années des stratégies nationales et concurrentes, commencent à mutualiser les coûts liés à la défense.

Le nouveau secrétaire américain à la Défense, James Mattis, qui rencontrait pour la première fois les alliés mercredi et jeudi à Bruxelles, les a prévenus qu’ils devraient payer davantage pour leur propre sécurité ou voir les Etats-Unis “modérer” leur engagement auprès de l’OTAN.

Les ambitions européennes de coopération impliquent aussi la création d’un centre de commandement pour les forces spéciales des Pays-Bas, de la Belgique et du Danemark dont pourraient se servir d’autres pays membres de l’Alliance atlantique.

Relevant que les alliés étaient confrontés à “un environnement sécuritaire plus exigeant et plus complexe”, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a estimé que les accords signés jeudi à Bruxelles allaient dans le sens d’un accroissement des moyens de défense et d’une amélioration de leur efficacité.

Pas de coopération militaire USA-Russie

De leur côté, les Etats-Unis auront un dialogue politique avec la Russie de Vladimir Poutine, mais ils n’envisagent pas “maintenant” de collaborer avec elle au plan militaire. C’est ce qu’a affirmé jeudi à Bruxelles le secrétaire américain à la Défense James Mattis.

M. Mattis s’exprimait à l’issue de la réunion de l’OTAN, au cours de laquelle il a donné des assurances sur l’engagement des Etats-Unis auprès de l’Alliance, en se disant impressionné par “la force du lien transatlantique”.

A la question de savoir s’il était possible aujourd’hui d’avoir confiance dans la Russie, avec laquelle l’OTAN a des relations très crispées, James Mattis a répondu: “La question avec la Russie, c’est qu’ils doivent se conformer au droit international comme on l’attend de toute nation raisonnable sur cette planète”.

“Nous ne sommes pas dans la position maintenant de collaborer au niveau militaire, mais nos dirigeants politiques vont échanger et essayer de trouver des terrains d’entente”, a ajouté le nouveau chef du Pentagone. Il s’agit de faire en sorte que la Russie “respecte ses engagements et revienne à un partenariat ou à une forme de partenariat avec l’OTAN”. “La Russie devra d’abord s’en montrer digne”, a poursuivi James Mattis.

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