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Les voyageurs auraient pu devenir otages des tueurs d’Istanbul

L'attentat a tué 44 personnes et en a blessé des dizaines. La place des kamikazes "est en enfer", a déclaré vendredi le président turc Recep Tayyip Erdogan KEYSTONE/AP/EMRAH GUREL sda-ats

(Keystone-ATS) Les trois kamikazes de l’aéroport d’Istanbul avaient prévu de prendre en otage des dizaines de voyageurs avant d’actionner leurs explosifs, rapporte vendredi un quotidien turc. De son côté, la police turque a arrêté trente-trois personnes en deux jours.

Trois jours après le triple attentat-suicide qui a fait 44 morts et plus de 260 blessés à l’aéroport international d’Atatürk, l’attaque n’avait toujours pas été revendiquée, mais les responsables turcs ont pointé le groupe Etat islamique (EI).

Selon le quotidien Sabah proche du gouvernement, le bilan du carnage aurait pu être encore plus élevé si les assaillants n’avaient pas été interceptés, car ils voulaient à l’origine prendre des dizaines de passagers en otage pour se faire sauter avec eux.

“Les manteaux qu’ils portaient pour cacher leurs charges explosives, malgré la chaleur, ont attiré l’attention de civils et d’un officier de police”, selon le journal.

Images de caméras

Des images extraites des caméras de surveillance de l’aéroport montrent trois hommes portant des vestes de couleur sombre. Sur l’une des captures d’écran, on peut apercevoir un policier en civil qui demande à l’un des assaillants ses papiers d’identité, puis il est agenouillé et menacé par une arme à feu.

Les trois kamikazes, qui se sont séparés avant de se faire exploser à différents endroits de l’aéroport, ont également fait des victimes en tirant avec leurs fusils-mitrailleurs.

Un Russe, un Ouzbek et un Kirghiz

Les autorités ont affirmé que les kamikazes étaient un Russe, un Ouzbek et un Kirghiz tandis que l’agence de presse Dogan faisait état de deux Russes parmi les trois assaillants.

Des médias turcs ont identifié un Tchétchène du nom d’Akhmet Chataïev comme le cerveau de l’attentat de l’aéroport. Il serait le chef de l’EI à Istanbul et aurait également organisé les attaques près de Taksim (en mars) et Sultanahmet (janvier), au coeur d’Istanbul, souligne le quotidien Hürriyet.

Trente-trois arrestations

Dans le cadre de l’enquête, la police a arrêté 24 personnes à Istanbul (13 jeudi et 11 vendredi), dont 15 étrangers, selon des sources de sécurité citées par l’agence de presse progouvernementale Anadolu. Neuf autres personnes ont été arrêtées dans la province occidentale d’Izmir mais leur lien avec l’attentat n’a pas pu être confirmé.

Les arrestations de vendredi ont été effectuées à l’aube par une unité de la police antiterroriste dans le quartier de Basaksehir, sur la rive européenne d’Istanbul.

“Au-dessus de bombes”

Selon Hürriyet, les trois assaillants avaient loué un appartement dans le quartier de Fatih, densément peuplé de Syriens, Palestiniens, Libanais et Jordaniens, payant une avance de 24’000 livres turques (8100 francs) pour un an.

Une voisine du dessus, qui ne les a jamais vus, raconte s’être plainte auprès des autorités des odeurs chimiques se dégageant de l’appartement après minuit. “La police est venue me voir après les attaques… J’ai habité au-dessus de bombes”, dit-elle.

Vendredi, des diplomates d’une douzaine de pays, vêtus de noir, ont rendu hommage aux victimes. “Ils disent qu’ils font ça au nom de l’islam, mais ça n’a rien à voir avec l’islam”, a lancé le président turc Recep Tayyip Erdogan. “Leur place est en enfer”.

Tragédie familiale en Tunisie

En Tunisie, un médecin militaire tué dans l’attentat d’Istanbul, où il s’était rendu pour tenter de ramener son fils unique qui avait un temps rejoint le groupe extrémiste Etat islamique (EI), a été enterré vendredi avec émotion dans sa ville natale.

Des centaines d’hommes et de femmes, dont beaucoup en pleurs, se sont rassemblés dès le matin devant le domicile familial à Ksour Essef (centre-est) pour lui rendre un dernier hommage, selon des journalistes de l’AFP sur place.

Cette tragédie familiale a bouleversé de nombreux Tunisiens et occupe les conversations depuis mardi. Selon sa famille, le fils n’est pas encore au courant de la mort de son père.

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