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Neuchâtel dépense toujours trop selon PricewaterhouseCoopers

La Chambre neuchâteloise du commerce et de l'industrie a adressé six recommandations au Conseil d'Etat NE (archives). Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Le canton de Neuchâtel continue de vivre au-dessus de ses moyens. C’est la conclusion que tire la Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie de la deuxième étude comparative réalisée par PricewaterhouseCoopers (PwC).

Comparé à Berne, Fribourg, Jura, Soleure et Bâle-Campagne, le canton de Neuchâtel “souffre toujours d’un net excès de dépenses et d’un manque d’investissements”, écrit jeudi la Chambre dans un communiqué. En outre, la fiscalité appliquée aux citoyens est carrément propre à “étouffer les forces vives”.

Pour illustrer son propos, elle prend l’exemple d’une citoyenne lambda, Anne-Catherine, venant de Liestal (BL) s’installer à Neuchâtel. Déclarant un salaire annuel brut de 70’000 francs, elle n’en revient pas de sa facture d’impôt qui se monte à 10’430 francs.

Si le canton a consenti des efforts pour les familles et pour les revenus modestes, la charge fiscale s’alourdit rapidement dès que le salaire brut augmente. Neuchâtel se retrouve dès lors en queue de classement. Et c’est la même tendance pour l’impôt sur la fortune.

En revanche, l’impôt sur le bénéfice de 15,61% appliqué aux entreprises et les taux attractifs sur le capital des sociétés à statut rendent le canton parmi les plus compétitifs.

Problèmes de charges

Neuchâtel n’a donc pas de problème de recettes. Celles-ci sont les plus élevées des six cantons étudiés avec un total de 5311 francs par habitant, contre une moyenne de 4191 pour le panel.

Pour la Chambre du commerce, il y a bien plus un problème de charges nettement supérieures par rapport aux cantons alémaniques et à Fribourg. A Neuchâtel, les charges de fonctionnement par habitant se montent à 12’289 francs, contre une moyenne de 10’408 pour le panel.

Ce surcoût provient en grande partie de la santé et de la sécurité sociale. Le canton doit également compter avec des charges de personnel dans la fonction publique parmi les plus élevées en Suisse. Pour 100 habitants, il y a 4,45 collaborateurs à plein temps dans les administrations cantonales et communales, contre 2,21 pour Soleure, le plus économe dans ce domaine.

Réformes nécessaires

Devant ce sombre tableau, Anne-Catherine se demande si elle ne devrait pas rentrer à Liestal. “Surtout pas”, lui enjoint la Chambre neuchâteloise du commerce. Cette dernière rappelle que de nombreuses réformes sont en cours. “Les Neuchâtelois doivent prendre conscience de la mauvaise santé des finances du canton, sermonne-t-elle.

Plus sérieusement, la Chambre conseille au gouvernement de réaliser les réformes structurelles, fiscales et institutionnelles nécessaires à la stratégie “1 canton, 1 espace – attractif”. Elle formule six recommandations pour la prochaine équipe aux manettes de 2017 à 2021.

Le canton doit s’attaquer au déficit structurel du canton, revoir le catalogue des prestations, réfléchir à la dotation en personnel de l’Etat, étudier la création d’une Cour des comptes, retrouver une marge de manoeuvre d’investissement plus importante et ficeler un paquet fiscal un peu plus digeste pour les personnes physiques.

JU: Optima pas encore d’effets

Pour le canton du Jura, la Chambre de commerce et d’industrie du Jura relève que le programme d’économie Optima “n’a pas encore produit de résultats perceptibles en 2015”. La charge fiscale des citoyens et toujours aussi pesante et le canton continue d’être très dépendant des recettes de la péréquation intercantonale.

L’étude de PwC porte sur les années 2011 à 2015 et met en perspective l’évolution des indicateurs de fiscalité et des finances. Le premier rapport publié en 2015 avait déjà mis avant les difficultés de Neuchâtel. Il sera actualisé tous les deux ans.

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