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New York rend hommage aux mille et une facettes de Bowie

(Keystone-ATS) David Bowie était un homme aux multiples facettes – du glam rockeur aux outrances flamboyantes à l’expérimentateur introverti. Des musiciens lui ont rendu hommage jeudi et vendredi à New York. Ils ont choisi d’embrasser ce fructueux éclectisme.

Près de trois mois après le choc provoqué par la mort soudaine de Bowie – qui avait gardé secret son combat contre le cancer – une poignée, parmi tous les musiciens influencés par son génie, ont donné deux concerts en son honneur dans deux salles légendaires, le Carnegie Hall et le Radio City Music Hall.

Et, fidèles au rockeur qui sera resté inventif et moderne jusqu’au bout, nombre d’entre eux ont préféré chercher de nouvelles voies pour explorer une oeuvre riche et diverse, plutôt que de se contenter de reprises plus ou moins heureuses.

Michael Stipe, chanteur et âme de R.E.M, n’a pas déçu et donné au public l’un des moments les plus forts de ces hommages, en transformant “Ashes to Ashes” en une ballade pour piano. Longue barbe banche et tunique, Stipe semblait s’adresser à Bowie dans l’au-delà, ou mieux encore dans l’espace, dans un murmure très doux.

Un moment si fort, que le Radio City Hall et les milliers de chanceux qui ont pu se procurer des billets, se sont recueillis dans un silence quasi complet.

Plus de 300’000 dollars

La première nuit d’hommage, jeudi au Carnegie Hall, devait servir à lever des fonds pour les écoles et les programmes d’enseignement de la musique et ce n’est que par hasard que les billets ont été mis en ventes peu après que Bowie ne s’éteigne le 10 janvier.

L’hommage à l’artiste vivant est devenu une célébration du génie mort, et les organisateurs ont ajouté une deuxième date au Radio City Hall vendredi, permettant de récolter plus de 300’000 dollars.

Le saxophoniste Donny McCaslin, choisi par Bowie pour son dernier album “Blackstar”, a interprété “Lazarus”. Ce morceau rétrospectivement semblait être le moyen choisi par l’artiste pour annoncer la fin. Comme Bowie n’était pas là pour répondre aux notes de son instrument, McCaslin s’est servi de son saxophone pour lui faire interpréter la chanson, voix et musique confondues. Un moment de grande virtuosité qui a valu au musicien une ovation debout.

Insulte à Donald Trump

Les chanteuses Anna Calvi et Amanda Palmer ont réinterprété “Blackstar” – un long morceau de dix minutes parlant de violence et de religion – avec le Kronos Quartet et le bassiste Jherek Bischoff. Plus traditionnels dans l’hommage – mais certainement pas dans la forme qu’il a prise – les Flaming Lips ont interprété “Life on Mars?”

Joseph Arthur, rocker indépendant aux balades souvent tristes, a choisi “The Man Who Sold The World”. Sur scène, il s’est mis à genoux devant sa guitare façon Jimi Hendrix, mais au lieu d’y mettre le feu, il a brièvement levé le drapeau américain sur lequel était gribouillée une insulte contre le milliardaire Donald Trump.

Blondie, les Pixies, ou encore Perry Farrell de Jane’s Addiction, se sont montrés plus sages dans leurs hommages. Bien que Bowie ait vécu à New York les dernières années de sa vie, sa famille n’était pas là: elle a choisi de ne participer à aucune cérémonie publique.

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