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Pas d’alternative à une Europe à plusieurs vitesses, selon Hollande

Le président française François Hollande doit rencontrer ses homologues allemand, italien et espagnol dans la journée à Versailles pour un mini-sommet européen (archives). Keystone/AP/ sda-ats

(Keystone-ATS) Il n’y a pas d’alternative à une Europe à plusieurs vitesses pour éviter l’explosion de l’Union européenne, estime le président français François Hollande dans un entretien publié lundi dans six quotidiens européens. Il s’y exprime aussi sur Donald Trump et la Russie.

Dans cet entretien publié par les quotidiens Le Monde, Süddeutsche Zeitung, La Stampa, The Guardian, La Vanguardia et Gazeta Wyborcza quelques heures avant une rencontre avec les dirigeants allemand, italien et espagnol, M. Hollande déclare que “le sursaut européen suppose un choix clair sur sa forme d’organisation”.

“L’Europe à 27 ne peut plus être l’Europe uniforme à 27. Longtemps, cette idée d’une Europe différenciée, avec des vitesses différentes, des rythmes distincts pour progresser, a suscité beaucoup de résistance. Mais aujourd’hui, c’est une idée qui s’impose. Sinon, c’est l’Europe qui explose”, poursuit-il.

Une piste exposée par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans un “livre blanc” sur l’avenir de l’UE à l’heure du Brexit. Prié de dire s’il n’y avait pas d’alternative à cette Europe à plusieurs vitesses, M. Hollande répond : “Non. Ou bien on fait différemment, ou bien on ne fera plus ensemble”.

Miser sur la Défense

“A l’avenir, il y aura un pacte commun, un marché intérieur avec, pour certains une monnaie unique. Mais sur ce socle il sera possible, pour les Etats membres qui le voudraient, d’aller plus loin dans la Défense, plus loin dans l’harmonisation fiscale ou sociale, plus loin sur la recherche, la culture, la jeunesse”.

François Hollande propose une “coopération structurée” des “pays qui veulent aller beaucoup plus loin” sur l’Europe de la défense, en y association avec la Grande-Bretagne. Le chef de l’Etat ajoute que dans son “esprit, le Royaume-Uni, même en dehors de l’UE, doit y être associé”. Pour lui, “l’Europe peut se relancer par la défense”, l’élection de Donald Trump, très critique à l’égard de l’OTAN et de l’UE, jouant à cet égard le rôle d’accélérateur.

Alors que le gouvernement polonais s’oppose au renouvellement de Donald Tusk à la tête du Conseil européen, le président français souligne avoir soutenu sa candidature il y a deux ans et demi et ajoute: “Je n’ai pas de raison de la remettre en cause”. “Il revient au Conseil européen d’en débattre politiquement. Il a la possibilité de choisir un candidat refusé par son propre pays. En ce qui me concerne, je ne participerai pas à cette éviction”.

Piques envers Washington et Moscou

Quant au président américain Donald Trump, “nous connaissons maintenant ses lignes de conduite: l’isolationnisme, le protectionnisme, la fermeture à l’immigration et la fuite en avant budgétaire”, déclare François Hollande. “L’euphorie des marchés financiers me parait bien prématurée”.

S’agissant de la Russie, il accuse Moscou d’utiliser “tous les moyens pour influencer les opinions publiques”. Il relève que même si “ce n’est plus la même idéologie que du temps de l’URSS, (…) ce sont parfois les mêmes procédés, les technologies en plus”.

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