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Pour l’Histoire: Fidel Castro aux côtés du “Che” à Santa Clara

Des milliers de personnes assistent au transport des cendres de Fidel Castro à Matanzas. KEYSTONE/EPA EFE/ALEJANDRO ERNESTO sda-ats

(Keystone-ATS) Le convoi de l’urne funéraire de Fidel Castro a marqué un arrêt mercredi soir devant le mausolée d’Ernesto “Che” Guevara à Santa Clara (centre). Une étape pour l’Histoire, avant le départ des restes de l’ex-président vers sa dernière demeure de Santiago de Cuba (est).

Après deux jours d’hommages à La Havane, les cendres, contenues dans un coffre de cèdre enveloppé d’un drapeau cubain et protégé sous une boîte de verre, effectuent en sens inverse le trajet parcouru par Fidel Castro au moment de la victoire de sa guérilla en 1959.

A La Havane, Matanzas, Cardenas, Cienfuegos et Santa Clara, des centaines de milliers de Cubains se sont massés mercredi au bord des routes pour saluer le passage de l’urne posée sur une remorque à l’arrière d’une jeep, en scandant en coeur “Viva Fidel! Viva Fidel!”.

Désaccords

L’étape de Santa Clara marque la rencontre des restes des deux célèbres héros de la révolution cubaine, Fidel et le “Che”. Le destin et une série de désaccords avaient éloigné ces compagnons de lutte, avant la mort de l’Argentin en Bolivie en 1967.

Le “Che” avait remporté dans cette ville située à 270 km à l’est de La Havane la plus célèbre bataille de la Révolution. Les restes du guerillero y avaient été rapatriés en 1997.

Le convoi de Fidel Castro devait passer la nuit devant le mausolée géant, où une veillée musicale a été organisée, avant que le convoi ne reprenne sa route jeudi vers l'”Oriente” et son berceau de la révolution, Santiago.

“C’est une rencontre pour l’histoire, deux commandants qui ont changé l’histoire de Cuba et de l’humanité”, s’enthousiasmait Agnier Sanchez, un technicien en imagerie médicale de 33 ans.

Sur le Malecon

A Cienfuegos, à 230 km au sud-est de La Havane, des milliers d’inconditionnels de Fidel avaient salué le convoi à son passage en fin d’après-midi sur le Malecon, le boulevard qui longe la baie de cette ville de la côte sud de l’île.

Le convoi s’était ébranlé dans la matinée au ministère des Forces armées à La Havane en présence de membres du gouvernement, de dignitaires du Parti communiste et de la veuve de Fidel Castro, Dalia Soto del Valle. A bord du véhicule tirant la remorque figurent les quatre plus hauts gradés de Cuba, dont le ministre des Forces armées, le général Leopoldo Cintra Frias.

“Je viens d’une famille pauvre, je suis noire. A une autre époque, je n’aurais pas eu l’opportunité d’être ce que je suis”, assurait, très émue, Maria Gonzalez, ingénieure informatique de 31 ans, postée sur un point de passage à la Havane.

A côté de José Marti

Au terme de près de 1000 km de périple, les restes de Fidel Castro seront enterrés dimanche au cimetière de Santa Ifigenia de Santiago, à côté du mausolée de José Marti, héros de l’indépendance de Cuba.

Ces funérailles scelleront la fin du deuil national, décrété pour neuf jours après son décès annoncé vendredi soir par son frère et successeur à la présidence Raul Castro.

“Caravane de la liberté”

Ce trajet suit en sens inverse celui de la “Caravane de la liberté”, qui du 2 au 8 janvier 1959 avait mené Fidel Castro à la rencontre des Cubains. Cela dans la foulée de la fuite à l’étranger du dictateur Fulgencio Batista, acculé à La Havane par les troupes castristes, alors que le père de la révolution prenait le contrôle de Santiago de Cuba.

Le “barbudo” de 32 ans avait alors prêché son projet révolutionnaire dans les principales régions du pays. Jeudi et vendredi, le convoi devait successivement traverser Sancti Spiritus, Camagüey, Las Tunas, Holguin, située près de son village natal de Biran, puis Bayamo et Santiago de Cuba samedi.

Critiqué par l’ONU et par les dissidents pour son piètre bilan en matière de droits civiques et de droits humains, Fidel Castro reste vénéré par beaucoup de Cubains, qui ont subi un véritable choc à l’annonce de son décès.

Pendant le deuil, les dissidents préfèrent se faire discrets, notamment par crainte de représailles. Mais ils prévoient de reprendre ensuite leur lutte contre le régime castriste, désormais incarné par le demi frère de Fidel, Raul, 85 ans.

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