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Près de 5000 personnes auraient succombé au “Dieselgate”

Une manifestante avec une paire de poumons gonflables invitant les constructeurs à rééquiper sans délai leurs véhicules. C'était le 4 septembre dernier à Berlin lors d'une rencontre entre Angela Merkel et les maires des villes les plus touchées par la pollution (archives). KEYSTONE/EPA/FELIPE TRUEBA sda-ats

(Keystone-ATS) Les émissions des véhicules au diesel truqués pour paraître plus écologiques pourraient être responsables de 5000 morts par an en Europe du fait de la pollution de l’air. La Suisse fait partie des pays les plus touchés, selon une étude parue lundi.

Ces chiffres sont conformes à de précédentes évaluations du nombre de décès dus au scandale du “dieselgate” qui a éclaté quand Volkswagen a admis en 2015 avoir triché lors de tests d’émission de ses véhicules. De nombreux autres constructeurs ont depuis été soupçonnés de faire de même.

Une étude parue en mai dernier dans la revue Nature avait estimé qu’en 2015, 38’000 décès “prématurés” avaient été provoqués dans le monde par les émissions d’oxyde d’azote (NOx) “générées en excès” par rapport à celles prévues par les tests effectués en laboratoire.

Environ 4570 décès évitables

L’étude parue lundi dans la revue Environmental Research Letters se concentre sur la situation en Europe (les 28 pays de l’UE + la Suisse et la Norvège).

Les chercheurs, basés en Norvège, en Autriche, en Suède et aux Pays-Bas, ont calculé qu’environ 10’000 morts peuvent être imputées tous les ans en Europe à la pollution aux particules fines émises par les véhicules légers fonctionnant au diesel.

Près de la moitié de ces décès (environ 4750) auraient été évités si les émissions d’oxydes d’azote par ces véhicules sur la route avaient été les mêmes que celles observées lors des tests en laboratoire.

Volkswagen a reconnu avoir installé dans ses voitures des dispositifs illégaux réduisant les émissions uniquement pendant la durée des tests. Si les voitures diesel émettaient aussi peu de NOx que celles fonctionnant à l’essence, environ 4000 de ces 5000 morts prématurées auraient été évitées, selon les auteurs de l’étude.

La Suisse fortement touchée

Les pays comptabilisant le plus de décès, selon les modélisations des chercheurs, sont l’Italie, l’Allemagne et la France, “à cause de leurs populations importantes et de la proportion élevée de voitures au diesel”.

En terme de nombre de décès prématurés pour 100’000 habitants, ce sont la Suisse, l’Italie et la Belgique qui sont les plus touchées, ont calculé les scientifiques. Estimé entre 2,85 et 4,4 cas pour 100’000 habitants, le risque de mourir des suites du “dieselgate” y est de 40% à 140% supérieur à la moyenne européenne (1,8 cas).

Les scientifiques notent que le nombre de véhicules diesel a nettement augmenté depuis les années 1990 sur les routes européennes, constituant désormais près de la moitié du total. Ils émettent moins de dioxyde de carbone nuisible au climat que les moteurs à essence, mais par contre davantage de NOx, qui est un précurseur des particules fines.

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