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Primes maladie freinées en 2018: les assureurs sont sceptiques

Alain Berset a dévoilé l'intervention tarifaire dans les soins médicaux mercredi. Les assureurs ne croient pas à une baisse tarifaire du calcul des primes déjà en 2018. KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) Le Conseil fédéral veut économiser dans les tarifs médicaux. Les assureurs devraient revoir à la baisse la fixation des primes dès 2018. Pas question, dit la principale faîtière des assureurs, santésuisse. Il faut d’abord constater de vraies économies dans les coûts.

Le gouvernement a annoncé mercredi son intervention tarifaire pour la structure Tarmed. Il entend réaliser des économies de 470 millions de francs. “Le Conseil fédéral a apporté de la clarté quant au tarif médical ambulatoire applicable dès 2018 et créé des conditions propices à des économies à long terme”, salue santésuisse dans un communiqué publié vendredi.

Mais le gouvernement part du principe que les assureurs maladie doivent déjà intégrer une baisse de 1,5%, qui correspond aux 470 millions de francs, dans leur calcul des primes pour l’année 2018. La faîtière dénonce cette exigence.

Scepticisme

“Cette demande n’est économiquement pas défendable, car avant de vouloir baisser les primes, de réelles économies doivent pouvoir être constatées”, écrit santésuisse. Or si les économies devaient s’avérer moins importantes que prévu, une hausse douloureuse des primes suivrait inévitablement en 2019, fait valoir l’organisation.

Il est en effet impossible de prédire avec certitude quelle sera l’incidence de ces baisses tarifaires sur les coûts des prestations des médecins et des hôpitaux. Et santésuisse de rappeler que la précédente baisse tarifaire introduite par l’Etat en 2014 n’avait pas abouti à des économies. Les médecins et hôpitaux concernés avaient compensé le manque à gagner par une augmentation du nombre de prestations fournies.

L’autre faîtière des assureurs, curafutura, ne partage pas ce point de vue. Mercredi, elle a estimé que l’intervention tarifaire, jugée réaliste, freinera quelque peu la hausse des primes en 2018. Les assureurs faisant partie de l’organisation (CSS, Helsana, Sanitas et CPT) devraient répercuter sur leurs assurés les économies réalisées.

Surcharge administrative

Les médecins sont eux beaucoup plus pessimistes sur l’intervention du Conseil fédéral. Elle “rend l’application du tarif encore plus complexe et augmente la surcharge administrative. Au détriment du temps consacré au contact direct avec les patients”, lance le président de la Fédération des médecins suisses (FMH) Jürg Schlup, cité dans un communiqué publié vendredi.

Malgré quelques correctifs par rapport au projet présenté en procédure de consultation, le gouvernement persiste à vouloir limiter la durée de la consultation. Mais le rationnement des prestations induira au contraire des coûts, critique la FMH, car il y aura des transferts vers le secteur hospitalier, plus cher.

Et la FMH de rappeler sa propre version d’une révision tarifaire, en préparation. Ces propositions doivent être discutées prochainement avec les autres acteurs dans le but de les remettre au Conseil fédéral en juin 2018. Le principe “ambulatoire avant hospitalier” doit prévaloir.

Bronca

Le Conseil fédéral a été obligé d’intervenir, les partenaires n’ayant pas réussi à s’entendre au bout de sept ans sur une modification de la structure tarifaire Tarmed. Il risquait de ne plus y avoir de tarif l’an prochain.

Le ministre de la santé Alain Berset a mis de l’eau dans son vin concernant la nouvelle tarification des soins, face à la bronca des médecins et des hôpitaux. Le modèle du Conseil fédéral est une solution transitoire. Hôpitaux, médecins et assureurs resteront responsables de réviser ensuite ensemble Tarmed.

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