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Réduire le sucre au petit déj’: la Suisse doit faire mieux

Le petit-déjeuner est un repas important dont qzuasi chaque aliment contient naturellement du sucre (Photo prétexte). KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI sda-ats

(Keystone-ATS) Les yaourts et céréales du petit déjeuner sont encore trop sucrés. Les chiffres que Berne actualise tous les ans pour plus de 500 produits le montrent clairement. Des données qui permettent de vérifier si les promesses des fabricants sont suivies d’effets.

Le 4 août 2015, dix entreprises suisses s’engageaient à l’Expo universelle de Milan à réduire la teneur en sucre des yaourts et des céréales. Un an et demi plus tard, alors que la Conférence nationale Santé 2020 soulignait mardi encore le rôle du secteur privé en matière de prévention, les progrès tardent à se réaliser.

Certains comme Nestlé ont déjà pris des mesures volontaires sur leur assortiment, d’autres en sont encore à la phase de réflexion. “Il n’y a pas d’avancée concertée”, regrette Barbara Pfenniger responsable Alimentation à la Fédération romande des consommateurs (FRC). L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a publié mardi un rapport sur la question.

Première base de données

L’analyse de 348 yaourts fabriqués par sept entreprises montre une teneur moyenne de sucres ajoutés de 9,4 grammes pour 100 g, cette valeur variant de 5,5 g à 17 g selon le type. C’est sans compter les sucres naturels de lait ou des fruits. La quantité totale de sucre passe alors à 14 g/100 g en moyenne, les extrêmes oscillant entre 10 et 21 g.

Les 166 céréales testées contiennent elles en moyenne 17,6 g de sucre ajouté pour 100 g. Certaines comme des pops ou flakes sucrés peuvent même en contenir jusqu’à près de 50%. La teneur totale en sucre atteint en moyenne 20,1 g/100 g.

A titre de comparaison, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) conseille, pour la publicité des yaourts pour enfants, de ne pas dépasser 10 grammes total de sucre par 100 g. S’agissant des céréales, la composition ne devrait pas afficher plus de 15 g par portion de 100 g.

“Les gros écarts des données de l’OSAV montrent qu’il y a du potentiel pour réduire la quantité de sucre dans ces deux types de produits”, indique Liliane Bruggmann, directrice de la division Nutrition à l’OSAV. Ce premier rapport montre où en est la Suisse et servira de base pour fixer les objectifs dans le cadre de l’accord de Milan, poursuit-elle.

Trois sur dix

Jusqu’à présent seules trois entreprises, Coop, Migros et bio-familia ont soumis à l’OSAV des engagements fermes. Coop a promis de réduire la quantité moyenne de sucre ajouté dans son assortiment de yaourt à 9 g d’ici la fin 2017. Au-delà, l’idée est de ne pas dépasser les 9 g. Côté céréales, le groupe bâlois a retiré du marché trois sortes litigieuses sans les remplacer, indique Ramon Gander, porte-parole.

Les fabricants se sont donné quatre ans pour élaborer des nouvelles recettes sans décevoir le consommateur. C’est environ le temps qu’il a fallu pour diminuer de 16% la teneur en sel dans le pain artisanal. Mais Liliane Bruggmann doute d’un succès aussi rapide.

Les producteurs et les détaillants procèdent par des adaptations graduelles de leurs recettes “de manière à ce que les clients ne remarquent pas de changement de goût”, selon le responsable de la Coop. L’OSAV a aussi lancé plusieurs projets sur la faisabilité technologique permettant de diminuer sensiblement la quantité de sucre.

La FRC en alerte

Barbara Pfenniger, de la FRC, admet que ce changement ne se fera pas du jour au lendemain. “Mais si les mesures volontaires ne donnent pas de résultats probants durant ces quatre ans, des mesures contraignantes devront impliquer tout le monde, y compris des géants comme Kellogg’s et les discounters”.

L’enquête de l’OSAV pour les deux produits cible a été menée l’été dernier et sera répétée tous les ans jusqu’en 2019 au moins. Une table ronde est prévue au 2e semestre 2017 entre les 10 signataires de Milan et le chef du Département fédéral de l’intérieur Alain Berset pour tirer un bilan intermédiaire.

La FRC n’est pas en reste. Elle entend elle aussi mener dès cette année ses propres tests par marques afin de pouvoir procéder à des comparaisons. L’industrie agro-alimentaire n’a plus qu’à faire ses preuves.

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