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Scènes de “cauchemar” dans le foyer guatémaltèque incendié

Ce drame a déclenché la colère d'une partie de la population qui est venue manifester devant le palais présidentiel. KEYSTONE/EPA EFE/ESTEBAN BIBA sda-ats

(Keystone-ATS) Une quarantaine de jeunes filles brûlées vives dans l’incendie d’un foyer pour mineurs du Guatemala se trouvaient toutes dans une pièce de 16 m2 fermée à clé. On les y avait mises à l’isolement comme punition après une rébellion.

Elles étaient 52 dans cette salle de classe, 37 sont mortes, selon un dernier bilan fourni vendredi. Une cinquantaine de garçons également punis avaient été placés dans un autre lieu.

Les survivantes souffrent de brûlures d’une telle gravité que les autorités ont demandé à des spécialistes de venir des Etats-Unis pour les soigner.

L’incendie s’est déclenché mercredi dans un foyer pour adolescents ayant été victimes de violences ou en difficulté, le Hogar Seguro Virgen de la Asuncion, à 25 km de Ciudad de Guatemala, la capitale.

“Je fais ce travail depuis 29 ans. Ce que j’ai vu hier était digne d’une scène de Dante”, a déclaré jeudi Juan Antonio Villeda, directeur de l’hôpital San Juan de Dios où sont soignées les victimes grièvement brûlées.

Deuil national

Claudia Lopez, du bureau du défenseur des droits, ne cache pas son incrédulité face aux circonstances du drame.

“Le personnel avait laissé ces jeunes filles dans un espace très réduit, quatre mètres sur quatre, pour 52 adolescentes”, a-t-elle dit. “Une décision terrible.”

D’après la police et des témoins, l’incendie a été provoqué par une des adolescentes. Elle aurait mis le feu à un matelas pour protester contre leur enfermement, au bout d’environ sept heures.

Le gouvernement a licencié le directeur de l’établissement, qui a été temporairement fermé. Trois jours de deuil national ont été décrétés. Le président Jimmy Morales a promis de revoir de fond en comble le système de l’aide sociale à l’enfance.

Cohabitation

L’établissement avait, d’après la presse, 540 pensionnaires, en dépit d’une capacité officielle de 400. Des membres du personnel ont confié à la presse, après le drame, que les conditions de travail y étaient difficiles, à cause d’un criant manque de moyens.

Des responsables du gouvernement et la presse ont déploré le fait que des victimes de violences aient cohabité dans ce foyer avec des mineurs condamnés pour agression.

Le Guatemala est le pays d’Amérique latine qui connaît les pires taux de malnutrition des enfants et de violences urbaines.

Celles-ci sont imputées notamment aux gangs comme la Mara Salvatrucha, qui recrute et exploite souvent des mineurs.

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