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Une chercheuse tente de mieux cibler les lieux de stockage des déchets radioactifs

Selon la chercheuse, Zurich nord-est et Jura-est sont les deux sites les plus adéquats pour stocker les déchets radioactifs. Ici la centrale de Niedergösgen (archives). KEYSTONE/STEFFEN SCHMIDT sda-ats

(Keystone-ATS) Les travaux d’une chercheuse de l’EPFL sont utilisés pour mieux cibler les potentiels lieux de stockage de déchets radioactifs. Trois régions, Zurich nord-est, Jura-est (Argovie) et le versant nord des Lägern (AG/ZH), sont à l’étude.

Valentina Favero, chercheuse au Laboratoire de mécanique des sols, soutiendra sa thèse en séance publique le 3 mars à Lausanne. Ses travaux s’inscrivent dans la problématique très actuelle du choix des emplacements les plus sûrs pour accueillir les déchets radioactifs issus des centrales nucléaires.

Défi de la profondeur

“Plus un conteneur de déchets radioactifs est implanté en profondeur dans la roche, plus la sûreté de son stockage augmente, mais plus sa faisabilité technique devient complexe”, explique l’ingénieure civile dans un communiqué. Le défi de la scientifique: soupeser ces deux éléments, tout en réfléchissant sur le très long terme.

En 2008, la Société coopérative nationale pour le stockage des déchets (Nagra) a retenu six régions potentielles. A la lumière de la thèse de Mme Favero, qu’elle a en partie financée, la Nagra a affiné sa sélection et proposé finalement deux régions, Zurich nord-est et Jura-est. Avant que l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) ne demande d’approfondir les études sur un troisième site, le versant nord des Lägern.

Caractéristiques de la roche

Les déchets radioactifs seront implantés dans de l’argile à Opalinus, une pierre argileuse qui est la roche d’accueil de référence en Suisse. La chercheuse a étudié les caractéristiques de cette roche à différentes profondeurs pour chacune des six localisations présélectionnées: un travail long et fastidieux, chaque profondeur présentant des propriétés différentes, écrit l’EPFL.

Résultat: plus on s’éloigne du sol, plus la roche sera rigide et imperméable et représente donc une barrière solide. Mais d’autres problèmes peuvent survenir.

Autres impacts

Ainsi, le percement du tunnel visant à déposer le conteneur à déchets a un impact sur le comportement des roches. Celles proches de la surface sont exposées à l’atmosphère, ce qui provoque une évaporation partielle de l’eau qui y est stockée. Cette sécheresse peut entraîner à son tour une fissuration des matériaux, ce qui pourrait en augmenter la perméabilité.

Autre phénomène étudié: la redistribution des forces causées par l’excavation du tunnel, que l’on appelle “convergence”, et qui est la tendance du tunnel à se refermer sur lui-même. Or, plus le tunnel est situé à une grande profondeur, plus les phénomènes de convergence sont marqués, précise le communiqué.

Deux sites sélectionnés

En prenant en compte tous ces paramètres, Valentina Favero a sélectionné les deux sites qui sont, selon elle, les plus adéquats pour le stockage de déchets radioactifs en Suisse: Zurich nord-est et Jura-est (Argovie). Ses travaux déterminent aussi le niveau de profondeur le plus sûr et techniquement réalisable pour l’entreposage de leurs conteneurs en acier.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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