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Une zone du cerveau rend le rythme cardiaque imperceptible

L'expérience a été répétée dans un IRM, permettant d'observer que le cortex insulaire se charge de filtrer les sensations cardiaques (archives/image symbolique). KEYSTONE/AP dapd/NORBERT MILLAUER sda-ats

(Keystone-ATS) Le coeur bat en permanence, sans que nous en soyons généralement conscients. Des chercheurs de l’EPFL ont découvert que le cerveau peut filtrer le bruit de l’activité cardiaque afin que celui-ci n’interfère pas avec les sensations extérieures.

Des chercheurs du Centre de neuroprosthétique de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont pu observer qu’une zone spécifique du cerveau distribue le traitement des sensations internes et externes, écrit mercredi la Haute Ecole. Leur étude est publiée dans “The Journal of Neuroscience”.

Les stimuli visuels sont moins bien perçus lorsqu’ils se calquent sur le rythme cardiaque. Le cerveau semble ne pas traiter des informations si celles-ci sont synchronisées aux battements du coeur.

Les neuroscientifiques sont arrivés à ce constat à la suite d’une série d’expériences menée grâce à plus de 150 sujets. Ces derniers ont été soumis à des stimuli visuels particuliers, en l’occurrence une forme d’octogone qui clignote sur un écran. Lorsque la forme géométrique clignote en suivant le rythme cardiaque, le volontaire éprouve plus de difficulté à la percevoir.

Rôle de filtre

“Nous ne sommes pas objectifs, nous ne voyons pas tout ce qui nous tombe dans la rétine comme une caméra vidéo, explique Roy Salomon, co-auteur de l’étude, cité dans le texte. C’est le cerveau qui décide de rendre conscientes ou non certaines informations. “Mais la surprise, c’est que notre coeur influence ce que nous voyons!”

Les scientifiques sont parvenus à montrer qu’une zone spécifique, le cortex insulaire, joue le rôle de filtre en interceptant les sensations du battement cardiaque. Pour ce faire, ils ont répété l’expérience à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM).

Lorsque les stimuli visuels ne sont pas alignés sur le rythme cardiaque, une région spécifique du cerveau, le cortex insulaire, est active et les volontaires n’ont aucun problème à percevoir les formes clignotantes. En revanche, lorsque les stimuli se calquent sur le rythme cardiaque, l’activité du cortex insulaire baisse nettement et les sujets ont moins, voire pas du tout, conscience des formes à l’écran.

Les sensations internes ne doivent pas perturber la perception du monde extérieur, raconte M. Salomon. L’être humain étant exposé aux battements du coeur depuis les premiers temps de son existence, soit bien avant que le cerveau ne soit formé, il n’est pas étonnant que ce dernier cherche à masquer la perception de l’activité cardiaque.

Troubles anxieux

Ce rôle de filtre ne fonctionne toutefois pas toujours correctement. Être conscient de ses battements de coeur peut trouver son origine dans certains problèmes psychologiques, dont les troubles anxieux.

Les personnes atteintes de ces troubles tendent à percevoir leur coeur plus fortement que la majorité de la population. Cependant, il est tout à fait possible de ne pas souffrir de ces problèmes et de ressentir ses pulsations cardiaques, par exemple lors de moments d’excitation ou de peur intenses, précise Roy Salomon.

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